Le mois dernier, plus de 40 000 universitaires dans toute l'Australie ont déclenché une grève de 24 heures qui a pratiquement stoppé les activités des 38 universités publiques du pays. Les professeurs d'université protestaient contre l'intention du gouvernement d'abolir leurs droits à la négociation collective et à la liberté universitaire.
Le gouvernement conservateur du premier ministre John Howard a réussi à faire adopter par la Chambre des représentants un projet de loi qui accorde aux universités plus de 400 millions de dollars en fonds fédéraux à la condition qu'elles adoptent des politiques qui privent leur personnel de droits acquis au fil des ans.
Selon la présidente du National Tertiary Education Union, Carolyn Allport, les institutions et les syndicats avaient le droit de poursuivre la négociation collective sans l'intervention injustifiée du gouvernement.
" L'action du gouvernement va à l'encontre de toutes les normes internationales qui régissent l'autonomie des universités et celles-ci devront engager des frais considérables pour se conformer aux exigences ", a-t-elle déclaré.
" La suppression des normes relatives au personnel excédentaire, à la cessation d'emploi et à la consultation en milieu de travail ne contribuera aucunement à améliorer la qualité de l'enseignement offert par nos universités et n'est pas conforme aux principes de la liberté universitaire et de la collégialité. "
Le ministre de l'Éducation, Brendan Nelson, a blâmé les universitaires en grève en déclarant que leur action nuirait aux 700 000 étudiants d'université du pays qui subiront bientôt leurs examens de fin d'année, mais il a laissé la porte ouverte pour des concessions possibles.
" Bien entendu, je serai attentif aux arguments raisonnables et constructifs qui pourront améliorer le plan ", a-t-il déclaré. " Mais nous ne sommes pas disposés à accepter que les grandes composantes de cette réforme soient triées sur le volet. "
La porte-parole en matière d'éducation du Parti d'opposition travailliste, Jenny Macklin, a accusé le gouvernement de chercher à imposer des conditions de travail déraisonnables et idéologiques.
" Nous voulons que les administrations des universités, le personnel et leurs syndicats puissent s'asseoir à la même table pour négocier raisonnablement des accords sur les conditions de travail sans l'intervention excessive du gouvernement Howard ", a-t-elle ajouté.
Selon le NTEU, le succès de la grève de 24 heures envoie un message sans équivoque au Sénat.
" La grande majorité des universitaires s'oppose aux conditions que le gouvernement désire imposer aux universités et souhaite que le Sénat rejette le texte législatif qui sera soumis à son examen ", a dit Allport.
Deux établissements n'ont pas pris part comme tel à la grève du 16 octobre. À l'University of New South Wales, qui a déjà conclu un accord sur les conditions de travail (contraire aux prescriptions du gouvernement), le personnel n'a pas fait la grève mais a pris part au mouvement de protestation à Sydney. À l'Australian National University, plus de 800 employés ont assisté à une réunion où le vice-recteur Ian Chubb a signé avec le syndicat NTEU une convention collective qui ne comportait aucune des conditions d'emploi proposées par le gouvernement.
L'ACPPU et un grand nombre de ses associations locales et fédérées ont transmis des messages de soutien à leurs collègues australiens. Dans une lettre adressée à leurs homologues du NTEU, le président de l'ACPPU, Victor Catano, et le directeur général, James Turk, écrivent que " le comité de direction de l'ACPPU est consterné par les mesures proposées par le gouvernement australien. Nous applaudissons à la résolution avec laquelle vos membres s'opposent à l'offensive du gouvernement. "
" Veuillez transmettre à vos membres l'expression de notre plus grand soutien et de notre plus grande solidarité... Nous espérons que votre grève amènera le gouvernement à prendre conscience de la folie de son action. L'ACPPU est prête à faire tout ce qu'elle peut pour vous appuyer dans cette lutte. Votre succès marquera une victoire pour tous les universitaires et rehaussera la qualité de l'enseignement supérieur public dans le monde entier. "
Pour plus d'information sur la lutte des universitaires australiens, visitez le site www.nteu.org.au.