Près de quatre Canadiens sur dix se disent très préoccupés par le coût des frais de scolarité des universités et des collèges, selon les résultats d'un important sondage mené à l'échelle nationale.
Dans l'Atlantique Canada, plus de la moitié des personnes interrogées se disent très préoccupées par le coût de l'enseignement.
" On trouve passablement inquiétant que les frais de scolarité qui augmentent mettent l'enseignement postsecondaire hors de portée de nombreux Canadiens, dit le président de l'ACPPU, Victor Catano. L'augmentation sans précédent des frais de scolarité enregistrée au cours des dix dernières années commence à affecter sérieusement bon nombre de familles. "
Quarante-trois pour cent des répondants au sondage Décima de l'ACPPU dont le revenu du ménage se situe en dessous de 60 000 $ se disent très inquiets du coût des frais de scolarité, contre environ le tiers de ceux qui déclarent un revenu entre 60 000 $ et 80 000 $ et 25 % des répondants à revenu plus élevé.
Autre conclusion percutante de ce sondage : plus de trois Canadiens interrogés se disent personnellement très inquiets de la qualité de l'enseignement reçu par les étudiants, et un autre groupe de 39 % se disent quelque peu préoccupés.
Lorsqu'on leur demande de déterminer quelles devraient être les priorités du gouvernement fédéral, près de 63 % des répondants considèrent le régime de soins de santé comme une très grande priorité, suivis de près par ceux qui, dans la foulée du scandale actuel des commandites, optent pour une plus grande responsabilité du gouvernement.
Presque la moitié des personnes interrogées répondent que le gouvernement fédéral devrait accorder une très grande priorité à la réduction de la pauvreté et du chômage, tandis que 43 % privilégient l'accessibilité financière de l'enseignement collégial et universitaire.
Parmi les priorités moins préconisées on compte le paiement de la dette (23 %) et le renforcement de l'armée (21 %).
" Le souci de l'accès à l'enseignement postsecondaire demeure parmi les quatre grandes priorités des Canadiens, dit M. Catano. Non seulement c'est significatif, mais c'est aussi un signal évident que les Canadiens veulent que le système soit redressé.
Le sondage révèle également que le soutien au gouvernement libéral a chuté de 11 points depuis octobre dernier. À l'échelle nationale, les Libéraux recueillent maintenant le soutien de 41 % des électeurs décidés ou penchant pour le Parti libéral, suivis par les Conservateurs à 27 % et par le NPD à 19 %.
À l'échelle régionale, les Libéraux sont en tête dans l'Atlantique Canada et en Ontario, une province regorgeant d'électeurs où le parti continue de récolter l'appui de plus de la moitié des électeurs décidés. Le Bloc Québécois, avec près de la moitié (47 %) du soutien populaire, a réalisé des gains importants au Québec et mène maintenant sur les Libéraux par 11 points. Le NPD a perdu une partie de son appui dans l'Atlantique Canada mais en a gagné au Manitoba, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique où il arrive presque nez à nez avec les Libéraux. Le Parti conservateur mène seulement en Alberta où l'appui aux Libéraux est en chute libre.
Bien que les Libéraux recueillent le même pourcentage d'appui qu'il a reçu aux dernières élections fédérales, ils seraient vraisemblablement réduits à un gouvernement minoritaire si des élections avaient lieu aujourd'hui.
" Les chiffres obtenus par région révèlent clairement que le parti perdrait des sièges en faveur du Bloc au Québec et des Conservateurs et du NPD en Ontario, avec peu de chances de faire des gains ailleurs au pays ", dit M. Catano.
Réalisé juste avant la présentation du budget fédéral en mars 2004, le sondage demandait d'autre part aux Canadiens comment le gouvernement fédéral pourrait le mieux s'y prendre pour améliorer l'accès à l'enseignement postsecondaire.
Plus du quart (28 %) ont privilégié l'octroi aux étudiants et à leur famille d'un plus grand nombre de dégrèvements et d'incitatifs fiscaux permettant de réaliser des économies pour l'enseignement supérieur, tandis qu'un nombre égal ont recommandé qu'Ottawa augmente le financement consacré aux universités et aux collèges de sorte à réduire les frais de scolarité.
" Ces chiffres sont significatifs dans la mesure où le budget prévoyait des dégrèvements fiscaux accrus et des incitatifs au régime enregistré d'épargne-études mais où pas un cent en argent frais n'a été versé aux provinces pour financer les universités et collèges ", explique M. Catano.
Si la hausse du plafond des prêts accordés aux étudiants a été l'un des pivots du budget, cette option a obtenu seulement la faveur de 18 % des Canadiens interrogés sur le meilleur moyen d'améliorer l'accès à l'enseignement postsecondaire.
Les résultats du sondage, réalisé par le Centre de recherches Décima pour le compte de l'ACPPU, se fondent sur une entrevue menée auprès de 2 000 adultes entre le 11 et le 22 mars. Les résultats nationaux sont considérés comme exacts 19 fois sur 20, avec une marge d'erreur de ±2.2 %.