La Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire tient une série de consultations publiques à l'échelle du pays sur l'avenir de son programme de bourses.
" Au moment où nous entrons dans la seconde moitié de notre mandat de dix ans, il nous paraît important de connaître l'opinion des Canadiens sur les meilleurs moyens d'améliorer les bénéfices que tirent les récipiendaires de nos bourses générales du millénaire ", a déclaré le directeur exécutif de la Fondation, Norman Riddell.
La Fondation est un organisme indépendant créé en 1998 par le gouvernement fédéral et doté d'un fonds de 2,5 milliards de dollars. Bien qu'elle distribue chaque année un montant de 285 millions de dollars en bourses d'études, la Fondation n'a jamais fait, depuis sa création, l'objet d'une opposition soutenue de la part de la population étudiante.
Selon le président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, Ian Boyko, les bourses du millénaire n'ont pas amélioré le sort des étudiants.
" La Fondation a été un échec lamentable pour ce qui est d'améliorer l'accès à l'enseignement postsecondaire au Canada ou de réduire la dette des étudiants ", a déclaré M. Boyko.
Selon lui, le fait que les bour-ses d'études aient été annoncées sans consultation préalable des provinces montre qu'il n'y a eu aucune coordination avec les programmes provinciaux d'aide aux étudiants. Par conséquent, certaines provinces se sont servies de l'argent reçu de la Fondation pour réduire leurs propres dépenses en matière d'aide financière aux étudiants.
Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a utilisé le programme pour éliminer son programme de remise de dette, a ajouté M. Boyko. Et l'Ontario, province où habitent 40 % des récipiendaires de bourses, n'a récolté que 15 % de la valeur totale des bourses octroyées aux étudiants.
M. Boyko s'est dit déçu que les consultations ne porteront pas sur le point faible du programme.
Il en résultera, dit-il, que la Fondation ne fera probablement guère plus que présenter aux participants des séances trois façons possibles de mieux cibler les bourses : les étudiants largement endettés, les étudiants inscrits en première année d'un programme et les étudiants faisant partie de ménages à faible revenu et d'autres groupes sous-représentés.
" Seul l'avenir nous dira si les consultations sont sincères ou s'il s'agit d'un autre légendaire cirque des relations publiques de la Fondation des bourses d'études du millénaire ", a dit M. Boyko.
En dépit de l'objectif restreint des consultations, le directeur général de l'ACPPU, James Turk, affirme qu'il est important que la Fondation soit informée des déficiences de son programme actuel et qu'elle soit sensibilisée à la nécessité de distribuer plus de ressources aux étudiants qui éprouvent le plus de difficultés financières.
" À notre avis, les programmes de la Fondation devraient être abandonnés pour être convertis en un programme unique de bourses d'études accordées suivant les besoins, qui serait administré par le gouvernement fédéral ", dit-il. " Conjugué à une réduction des droits de scolarité, c'est là la meilleure façon de s'assurer que le coût des études n'est pas un obstacle pour un étudiant qualifié. "
Parallèlement, les intervenants du secteur sont déçus d'avoir été informés très peu à l'avance du processus de consultation. " Il est très décevant que les organisateurs des consultations informent certaines universités et associations de professeurs seulement une semaine ou deux avant la date prévue de leurs audiences ", a déclaré M. Turk.
Selon M. Boyko, les consultations pourraient être pour la Fondation un moyen de se désintéresser de l'aide axée sur les besoins. Il fait référence à une série d'études réalisées récemment par la Fondation et dans lesquelles elle minimise les liens entre le revenu et l'accès à l'enseignement postsecondaire et elle refuse d'admettre que la hausse des droits de scola-rité réduit la participation.
Il affirme que si l'on s'en tient au programme de recherche de la Fondation, on ne peut que constater que celle-ci s'est transformée en groupe de réflexion partisan.
" Une fondation financée par les deniers publics et n'ayant prétendument aucun lien de dépendance joue le rôle d'apologiste de la politique fédérale en matière d'enseignement postsecondaire ", soutient M. Boyko. " Il est temps que la Fondation soit mise à la ferraille et que les économies ainsi réalisées servent à déployer un programme national de bourses axées sur les besoins qui serait rattaché au Programme canadien de prêts aux étudiants.