Les représentants de l'ACPPU se sont joints aux 1 500 enseignants et chercheurs de près de 160 pays qui ont participé en juillet au 4e Congrès mondial de l'Internationale de l'Éducation (IE) à Porto Alegre (Brésil).
Le congrès de cinq jours, organisé sur le thème de l'éducation pour le progrès global, s'est ouvert par un discours liminaire du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva qui a donné un aperçu des mesures que son gouvernement a prises en vue d'améliorer le système d'éducation du pays.
« Nous savons très bien que l'éducation joue un rôle clé dans le développement économique et la démocratisation du savoir dans le monde entier », a déclaré le président da Silva. « Au Brésil, nous accordons dès maintenant à l'éducation le degré de priorité élevé qui lui revient. Dans les 18 premiers mois de notre gouvernement, nous avons réalisé des progrès considérables même si nous ne disposions pas de toutes les ressources voulues. Nous avons réussi à réduire l'analphabétisme, à améliorer la qualité de l'éducation de base et à mener à bien une réforme ambitieuse de nos universités de sorte que notre pays puisse mieux faire face à l'avenir. »
Après le discours de M. da Silva, la présidente de l'IE, Mary Hatwood Futrell, a remarqué que le reste du monde devrait tirer les enseignements de l'engagement du Brésil à faire de l'éducation publique une priorité nationale.
Et d'ajouter Mme Futrell : « Le président da Silva comprend que l'éducation d'un peuple, c'est l'édification d'une nation. Il sait que l'éducation est une composante critique du progrès global. L'éducation publique de qualité n'est pas la solution miracle à tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, mais elle demeure un pas important sur la voie du développement socio-économique. »
Mme Futrell a déclaré également que, malgré les progrès en cours de certains pays, les enseignants continuent de relever des défis de taille sur le plan global - des offensives contre l'emploi et les droits professionnels jusqu'à la propagation rapide du VIH/SIDA.
« Dans toute l'Afrique, le SIDA laisse dans son sillage un cortège d'orphelins pendant qu'il dévaste les réseaux communautaires et familiaux qui naguère aidaient les enfants pauvres à fréquenter l'école », a-t-elle constaté. « En tant qu'enseignants et enseignantes, nous devons et nous pouvons faire davantage pour combattre cette terrible maladie. La prévention contre le SIDA commence dans la salle de classe. »
Le directeur général associé (recherche et promotion des intérêts) de l'ACPPU, David Robinson (gauche), Paul Bennett, dirigeant national du syndicat britannique des chargés de cours NATFHE, et Grahame McCulloch, secrétaire général du National Tertiary Education Union de l'Australie, se sont joints aux 1 500 délégués du Congrès de l'IE.
Les ateliers et les débats du congrès ont porté essentiellement sur les moyens de garantir à tous une éducation de qualité. Les délégués ont convenu que, pour ce faire, les gouvernements doivent financer suffisamment l'éducation à tous les niveaux.
« Nous continuons de nous heurter à un ordre international hostile au financement public des services sociaux de base, dont l'éducation », a déclaré le secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, Fred van Leuven. « Bon nombre de gouvernements croient qu'ils peuvent réduire leur rôle dans l'éducation aux dépens du marché. Nous affirmons que l'éducation est un droit de la personne. Nous affirmons que l'éducation est un outil de développement socio-économique et qu'elle est de ce fait une responsabilité centrale du gouvernement. »
Dans son message au congrès, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, a repris à son compte la déclaration selon laquelle l'éducation est un droit de la personne fondamental.
« Il y a plus d'un demi-siècle que la Déclaration universelle des droits de l'homme a établi que tout le monde a droit à l'éducation. Le fait que des millions de personnes en soient encore privées devraient nous couvrir tous de honte. »
Le congrès s'est penché principalement sur les menaces que posent la privatisation et la commercialisation de l'éducation. Plusieurs orateurs ont notamment prévenu que les négociations commerciales en cours visant à inclure les services comme l'éducation dans l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) pourraient miner sérieusement l'éducation publique.
Des délégués de plusieurs pays en voie de développement ont souligné que, lorsque l'AGCS initial a été signé en 1996, bon nombre de leurs gouvernements ont ouvert leur « marché » des services d'éducation en croyant que cette démarche attirerait les universités et les collèges étrangers et contribuerait à bâtir leur secteur de l'enseignement supérieur. Il est entendu que les fournisseurs étrangers ont tout simplement cassé les prix offerts par les universités et les collèges locaux.
« C'est là précisément le problème avec l'AGCS », indique la présidente de l'ACPPU, Loretta Czernis. « Il ne tient pas compte du maintien de l'équité entre les pays riches et les pays pauvres ou bien au sein des nations. »
Un groupe de travail spécial de l'IE sur la mondialisation et l'éducation supérieure et la recherche - chargé d'examiner l'impact des accords commerciaux - a présenté son rapport à Porto Alegre dans lequel il recommande la création, par l'intermédiaire de l'UNESCO, d'un nouvel instrument international régissant l'enseignement transnational.
« Il ne suffit pas simplement de s'opposer à l'AGCS », explique Mme Czernis. « L'éducation post-secondaire est depuis toujours de portée internationale. Nous ne sommes pas opposés à l'internationalisation. Nous sommes contre la commercialisation de l'éducation que les accords comme l'AGCS enfermeraient et renforceraient. Nous avons besoin d'une structure qui favorise l'échange international de services d'éducation et qui est fondée sur des valeurs éducatives et non pas commerciales. »