Des groupes d'étudiants contestent les conclusions d'un rapport de recherche tout récent de Statistique Canada selon lequel le principal obstacle à l'accès aux études postsecondaires n'est pas l'argent, mais les antécédents familiaux.
« Nous ne nions pas que l'argent ne soit pas le seul facteur », dit Ian Boyko, coordonnateur des campagnes de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. « Mais selon les données que nous avons rassemblées, le financement de l'enseignement postsecondaire est le facteur le plus important et le plus facilement traité par le gouvernement. »
Dans le rapport Qui poursuit des études supérieures? L'incidence directe et indirecte des antécédents familiaux sur l'accès aux études postsecondaires, les chercheurs Ross Finnie, Eric Lascelles et Arthur Sweetman concluent que « la capacité de payer n'est pas nécessairement la principale raison de ne pas poursuivre des études postsecondaires ».
L'étude constate plutôt que les antécédents familiaux (marqués par le niveau de scolarité des parents, le type de famille, le lieu de résidence, la langue et l'ethnicité) conduisent à des résultats intermédiaires tels que la réussite à l'école primaire, les résultats scolaires au niveau secondaire et les attitudes et les comportements connexes qui sont alors en corrélation étroite avec la décision de poursuivre des études postsecondaires.
Les conclusions de l'étude, toutefois, ont suscité de sévères critiques chez les étudiants qui mettent en question la motivation des chercheurs. Selon M. Boyko, Ross Finnie, professeur auxiliaire à l'Université Queen's, « mène depuis longtemps une campagne politique pour minimiser l'importance des obstacles financiers ».
En 2002, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a publié une réaction « enflammée » à un commentaire de l'Institut C.D. Howe, signé par M. Finnie, dans lequel il proposait d'augmenter le financement des établissements postsecondaires par la voie d'une majoration considérable des droits de scolarité et d'une hausse du maximum des prêts aux étudiants.
Une telle proposition amènerait les étudiants issus de familles à revenu faible et moyen à s'endetter encore davantage, de dire Loretta Czernis, présidente de l'ACPPU.
« Le niveau d'endettement avec lequel une grande partie des étudiants doivent composer à l'heure actuelle pour terminer leurs études constitue déjà un facteur dissuasif », soutient Mme Czernis. « Nous ne réglerons pas le problème en forçant les étudiants à s'endetter davantage. »
La version PDF du rapport de recherche est disponible à l'adresse www.statcan.ca:8096/bsolc/francais/bsolc?catno=11F0019MIF2005237