Selon les représentants des associations d'étudiants et de professeurs, le gouvernement fédéral a raté l'occasion, dans son budget de 2005, de répondre aux principaux défis auxquels fait face le système d'enseignement postsecondaire au Canada.
« Rien dans le budget n'apporte de l'aide aux étudiants et à leurs familles qui sont aux prises avec un niveau record des frais de scolarité et qui s'enfoncent dans un endettement inégalé », soutient Loretta Czernis, présidente de l'ACPPU. « Le gouvernement fédéral ne s'est engagé d'aucune manière à mieux assurer le financement des universités et des collèges. »
Selon George Soule, président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, l'indifférence affichée devant l'enseignement postsecondaire va à l'encontre des promesses électorales que le premier ministre Paul Martin a faites l'an dernier.
« Au cours de la dernière campagne électorale, Paul Martin s'est engagé à rétablir le financement de base en créant un paiement de transfert distinct de sept à huit milliards de dollars pour l'éducation postsecondaire », indique M. Soule. « Le budget d'aujourd'hui démontre qu'il a fait fi de cette promesse. »
Mme Czernis a dénoncé elle aussi le fait que le gouvernement ait manqué à sa promesse.
À son avis, le gouvernement fédéral aurait dû suivre le conseil du comité des finances qui recommandait la création d'une enveloppe budgétaire fédérale distincte pour l'enseignement postsecondaire.
Contrairement au financement des soins de santé, le gouvernement fédéral verse à l'heure actuelle aux provinces des paiements de transfert au titre de l'enseignement postsecondaire et des services sociaux sous la forme d'un financement global qui, selon les critiques, manque de transparence et pour lequel on n'a pas de comptes à rendre.
« Sans un transfert réservé à l'enseignement postsecondaire, nous ignorons comment les fonds fédéraux affectés à ce titre sont effectivement dépensés, à supposer qu'ils le soient », ajoute Mme Czernis. « La création d'un fonds distinct pour l'enseignement postsecondaire affecté à la réduction des frais de scolarité et permettant d'augmenter le nombre d'admissions, de réparer l'infrastructure des campus et d'embaucher un nombre suffisant d'enseignants à temps plein doit figurer au rang des priorités. De ce point de vue, le budget n'est pas à la hauteur des attentes des Canadiens. »
Le budget prévoit par ailleurs l'attribution des nouveaux fonds de recherche, dont 15 millions de dollars additionnels chaque année pour couvrir les coûts indirects de la recherche universitaire, portant ainsi le total de la contribution annuelle à 260 millions de dollars.
Mme Czernis signale toutefois que cette augmentation ne suffira pas à pallier la hausse des coûts et qu'elle est si minime que la contribution fédérale aux coûts indirects tombera sous le niveau actuel de 26 %.
Dans son budget du 23 février, le gouvernement a promis également de verser plus de fonds aux trois conseils subventionnaires du Canada - 32 millions de dollars chacun au CRSNG et aux IRSC et 11 millions de dollars au CRSH. Mais Mme Czernis s'empresse d'ajouter que ces montants ne tiennent pas compte des examens des programmes du gouvernement qui retrancheront environ 4,5 millions de dollars et plus de 10 millions de dollars des budgets respectifs du CRSH et du CRSNG. Les IRSC sont à l'heure actuelle exemptés de l'examen.
« Les légères augmentations réservées aux conseils subventionnaires compenseront les compressions opérées dans les dépenses du CRSH et du CRSNG, mais cet engagement financier est trop minime pour satisfaire aux véritables besoins du Canada en matière de recherche », explique Mme Czernis.
M. Soule, cependant, se dit atterré que le gouvernement fédéral, en dépit du surplus massif dont il jouit, n'ait rien fait de plus pour régler les problèmes de la hausse des droits de scolarité et de l'endettement étudiant.
« Le financement fédéral de l'éducation postsecondaire est une priorité pour les Canadiennes et Canadiens », conclut M. Soule, citant un sondage Ipsos-Reid récent dans lequel les Canadiens ont indiqué l'enseignement postsecondaire comme premier choix des dépenses fédérales après les soins de santé. « Ce ne semble malheureusement pas une priorité pour le premier ministre. »