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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 2005

Entente budgétaire : nouvelles sommes prévues pour l'enseignement supérieur

Dans un effort visant à sauver leur gouvernement minoritaire en péril, les Libéraux ont annoncé le mois dernier qu'ils modifiaient le budget fédéral afin d'acquiescer aux demandes des Néo-démocrates qui exigent qu'on augmente les montants consacrés à l'éducation, à l'aide étrangère et aux garderies.

En vertu de cette entente, le NPD prêtera son appui aux Libéraux au pouvoir advenant un vote de non-confiance en échange de nouveaux investissements dans divers programmes sociaux.

L'entente consiste, entre autres, à retarder les réductions d'impôt prévues pour les sociétés et à augmenter de 1,5 milliard de dollars les transferts du fédéral dans l'enseignement postsecondaire au cours des deux prochaines années. Alors qu'il reste encore à élaborer les détails du nouvel investissement, les provinces devront accepter de réduire les frais de scolarité pour être admissibles à ce nouveau financement.

« Ce budget n'est pas parfait », de dire Jack Layton, chef du NPD. « Cependant, on l'a amélioré et équilibré, sans compter qu'on y prévoit des réductions d'impôt pour les petites entreprises. De plus, on investit dans nos ressources humaines et dans l'environnement. »

Les groupes d'étudiants ont accueilli favorablement cette entente, puisqu'on s'attaque au problème de la hausse du coût des études universitaires et collégiales.

« Les conséquences d'un tel geste vont bien au-delà de la réduction très souhaitée des frais de scolarité », de déclarer George Soule, président national de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes. « Cette étape marquera également le retour grandement attendu du gouvernement fédéral dans l'élaboration des politiques touchant l'enseignement postsecondaire. »

Le plan de réduction des frais de scolarité a cependant fait l'objet de critiques de la part d'un analyste des politiques qui a prévenu qu'une réduction des frais nuirait aux étudiants à faible revenu, alors que les gens présentant un revenu supérieur à la moyenne bénéficieraient de la plupart des sommes disponibles.

« En réduisant de 500 $ les frais de scolarité d'un étudiant dans le besoin, on réduit de 500 $ les subventions et de 120 $ les crédits de scolarité », selon Alex Usher de l'Educational Policy Institute. « Autrement dit, en réduisant de 500 $ les frais de scolarité d'un étudiant dans le besoin, celui-ci se retrouve avec 120 $ de moins. Il s'agit là d'une politique où les étudiants ayant peu de besoin y gagnent, alors que les plus nécessiteux y perdent. »

Cependant, Michael Conlon, chercheur auprès de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, considère que l'argument de M. Usher ne résiste pas à l'examen.

« Un ajustement sur le plan administratif permettrait d'éviter facilement la crise fomentée par M. Usher », de dire M. Conlon. « On pourrait résoudre le problème en ne réduisant pas le montant des subventions. »

M. Conlon ajoute que pour le gouvernement provincial, une réduction des frais subventionnée par le fédéral entraînera des économies importantes.

« La réduction des frais entraîne, à son tour, une baisse des besoins financiers des individus et, par conséquent, du prêt consenti par la province », selon M. Conlon. « Les économies découlent des frais administratifs et des frais d'intérêt qui courent sur les prêts tout au long des études. »