Le plus grand syndicat des enseignants en Irlande appelle le gouvernement à rejeter les recommandations faites par l’OCDE dans le cadre de l’examen du système d’enseignement supérieur de ce pays.
Dans le rapport qu’elle a présenté au gouvernement irlandais vers la fin de l’année dernière, l’OCDE recommande de réformer en profondeur le système d’enseignement supérieur du pays et propose, entre autres mesures, de réintroduire les frais de scolarité, de pousser davantage la commercialisation de la recherche et d’affaiblir le système de titularisation.
Lors d’une conférence tenue à Dublin le mois dernier, le syndicat des enseignants de l’Irlande (TUI) a vivement critiqué le rapport de l’OCDE dont la teneur est, selon lui, « totalement inadaptée aux conditions de la société irlandaise ».
« L’un des principes de base sur lesquels repose le rapport de l’OCDE veut que l’enseignement supérieur soit dispensé et géré en fonction d’impératifs commerciaux », affirme le président du syndicat, Paddy Healy. « Nous nous opposons farouchement à toute dilution du principe fondamental de l’enseignement en tant que bien social et nous soutenons que la titularisation des professeurs et la liberté académique ne doivent être altérées d’aucune façon. »
De plus, il a rejeté catégoriquement la recommandation visant à rétablir les frais de scolarité que le gouvernement irlandais a abolis dans les années 1980.
« Il est tout simplement faux que la politique d’abolition des frais a échoué. En fait, elle a connu un succès retentissant. C’est la pénurie de ressources qui demeure un facteur déterminant de l’incapacité à attirer plus d’apprenants des milieux non traditionnels. »
Le directeur général associé de l’ACPPU, David Robinson — l’un des deux conférenciers internationaux invités à la conférence — a mis en garde contre l’adoption d’un grand nombre de recommandations de l’OCDE qui pourraient entraîner l’assujettissement du système d’enseignement tertiaire de l’Irlande aux règles des accords commerciaux internationaux, tel l’Accord général sur le commerce des services (AGCS).
« L’Irlande a déjà pris, dans le cadre de l’AGCS, des engagements en ce qui a trait aux services d’enseignement priv », précise M. Robinson. « Bien que l’enseignement public semble échapper à l’accord, il existe toujours le danger que les recommandations de l’OCDE, en atténuant davantage la distinction entre public et privé, soient interprétées comme si les établissements d’enseignement supérieur irlandais tombaient effectivement sous l’application de l’AGCS. Cela pourrait intensifier les pressions de la privatisation et de la commercialisation. »
En réponse aux préoccupations de M. Robinson, le syndicat a appelé le gouvernement à évaluer l’incidence possible, dans le cadre des accords commerciaux internationaux, de tout changement futur apporté à l’enseignement supérieur en Irlande.