Une nouvelle étude de Statistique Canada rendue publique le mois dernier révèle que la hausse marquée des frais de scolarité se traduit par une baisse très significative du nombre d’étudiants de famille à revenu moyen qui s’inscrivent dans les programmes de médecine, de médecine dentaire ou de droit.
Selon Loretta Czernis, présidente de l’ACPPU, cette étude livre l’une des évaluations les plus définitives de l’incidence des frais de scolarité élevés sur le taux de participation des étudiants ayant des antécédents socioéconomiques différents.
« L’argument de certains politiciens voulant que l’augmentation soutenue des frais de scolarité n’ait aucun impact sur les inscriptions vient ainsi d’être réfuté », déclare Mme Czernis. « L’étude confirme une évidence : lorsque les gouvernements procèdent à des compressions budgétaires et que les universités et collèges augmentent les droits de scolarité, les Canadiens remplissant les conditions requises mais incapables d’absorber le coût n’ont pas le choix de poursuivre leurs études. Cela est tout à fait injuste et inacceptable. »
L’étude constate également que, dans les provinces où les droits d’inscription aux programmes professionnels ont augmenté entre les années universitaires 1995–1996 et 2001–2002, les étudiants faisant partie des groupes socioéconomiques favorisés étaient beaucoup plus susceptibles de poursuivre des études menant à un diplôme professionnel. On note, sur la même période, un léger accroissement du taux de participation des étudiants appartenant à des familles plus défavorisées, à mesure qu’augmente l’offre de bourses d’études, alors que la participation du groupe socioéconomique moyen chute considérablement.
« Il est possible que certains étudiants de ce groupe n’aient pas eu les moyens de payer ces frais plus élevés ou aient choisi de ne pas le faire, et n’aient pas été admissibles à autant d’aide financière que les étudiants provenant de familles moins scolarisées », donnent à penser les auteurs de l’étude.
Selon Statistique Canada, l’évolution de la relation entre l’inscription aux programmes professionnels et les antécédents socioéconomiques a été la plus évidente en Ontario, où l’on a enregistré les plus fortes hausses des frais de scolarité. Dans les provinces comme le Québec et la Colombie-Britannique, où les frais de scolarité ont été gelés pendant cette période, on n’a observé aucune variation des inscriptions selon les antécédents socioéconomiques. «Cette étude confirme que les augmentations massives des frais de scolarité compromettent l’accès aux programmes professionnels», fait valoir George Soule, président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. « Bien que les droits d’inscription à ces programmes soient prohibitifs pour la plupart des familles, les taux de participation des familles à moyen revenu, constate-t-on maintenant, n’ont jamais été aussi bas. »
L’étude de Statistique Canada, intitulée Accès aux programmes professionnels, dans le contexte de la déréglementation des frais de scolarité, est disponible en cliquant ici.