Le nouveau programme des chaires de recherche annoncé par le gouvernement de l’Ontario suscite des critiques véhémentes de la part de la communauté universitaire de cette province.
L’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (UAPUO) condamne le programme de 25 millions de dollars destiné à financer huit chaires de recherche sur des questions relevant de la politique publique, parce que les professeurs en poste dans les établissements de la province ne sont pas admissibles à ces chaires.
« C’est qu’il y a dans ce programme une double ironie », explique le président de l’UAPUO, Michael Doucet. « On s’attendrait à ce que le gouvernement de l’Ontario, qui octroie les fonds, exige que les titulaires des chaires possèdent une connaissance et une expérience significatives des questions provinciales, étant donné que ces postes ont été créés pour mettre en place des chaires de recherche sur la politique publique qui, grâce aux conclusions et aux analyses qui en résulteraient, pourraient guider le gouvernement dans l’élaboration de ses politiques. »
« Et il est fort étrange que les universitaires de l’Ontario puissent devenir titulaires des chaires de recherche du Canada mais qu’ils soient explicitement exclus du programme de chaires de l’Ontario. Pourquoi l’un mais pas l’autre? »
Le gouvernement et le Conseil des universités de l’Ontario, qui ont tous les deux établi les règles du programme, ont eu peine à défendre leur décision d’exclure les universitaires de la province des candidats admissibles aux chaires de recherche. À cet égard, le vice-président du Conseil, Jamie Mackay, a déclaré : « Ce que nous voulions éviter, c’est que les universités ontariennes fassent du maraudage. La compétence de l’Ontario ne se trouve pas pour autant renforcée. »
Selon le ministre ontarien de la Formation et des Collèges et Universités, Chris Bentley, il n’y a jamais eu d’intention de déprécier les professeurs de la province. « Bien au contraire, je n’hésiterais pas une seconde à faire rivaliser nos professeurs avec ceux de n’importe quel autre établissement. À la fin du processus, nous en aurons huit de plus. C’est là la clé. »
Mais d’aucuns estiment que le message transmis est que le corps professoral des universités ontariennes ne compte aucun penseur de premier plan. « Ils croient peut-être attirer les universitaires les plus brillants de la planète, alors qu’en fait ils proclament au monde entier que l’Ontario est dépourvu d’esprits brillants », soutient le porte-parole néo-démocrate en matière d’éducation, Rosario Marchese.
Dans le cadre de ce programme, le gouvernement de l’Ontario allouera à la création de chaires de recherche une somme de 25 millions de dollars que les universités pourront investir et faire fructifier pour financer les chaires.
Les universités ont jusqu’à la mi-octobre pour soumettre des demandes de chaires. Le choix des titulaires, lesquels sont nommés pour des mandats renouvelables de sept ans, doit être approuvé au plus tard le 1er janvier 2007.