Les syndicats australiens du secteur de l’enseignement supérieur sont unanimes à condamner la décision prise par l’Université de Ballarat d’exiger, comme condition d’embauche, de tous les nouveaux employés qu’ils souscrivent un contrat de travail individuel.
Cette mesure intervient six mois seulement après que le gouvernement australien a instauré une nouvelle réforme controversée des relations du travail qui oblige les universités à offrir à leur personnel le choix d’accepter un contrat de travail individuel — appelé « Australian Workplace Agreement » — ou d’être lié par une convention collective négociée.
Selon les critiques, la décision de l’Université de Ballarat montre bien que la réforme a pour objet véritable d’ébranler le processus de négociation collective.
« Cela met en évidence le vrai plan du gouvernement qui est de permettre aux employeurs de retirer aux travailleurs le droit de négocier collectivement et de les forcer à passer des contrats individuels qui réduisent leurs salaires et leurs conditions », affirme Sharan Burrow, présidente de l’Australian Council of Trade Unions. L’intention n’est pas d’offrir de meilleurs choix aux employés, mais plutôt de leur laisser un seul choix : accepter ce que leur offre l’employeur s’ils veulent obtenir l’emploi. »
Les contrats individuels que les employés de Ballarat devront signer les dépouilleront de leurs droits de travailleurs clés, soutient Matthew McGowan, secrétaire de division du syndicat australien National Tertiary Education Union.
« Ces contrats élimineront d’importantes conditions de travail. Et l’absence de négociation rend tout choix impossible », ajoute-t-il.
M. McGowan fait également observer que l’annonce de l’université fait une parodie des arguments que présente le gouvernement, qui veut laisser aux employés des universités le « véritable choix » du type de contrat de travail qu’ils souhaitent passer.
« Comme Ballarat est la seule université publique qui obligera ses futurs employés à signer des contrats individuels, l’administration confinera l’établissement au rang d’employeur de dernier choix dans le secteur de l’enseignement supérieur », conclut-il.
L’ACPPU a condamné officiellement la décision de Ballarat et dénoncé la mesure de l’administration comme étant une atteinte aux normes de travail fondamentales et généralement reconnues à l’échelle internationale.
Dans une lettre adressée au chancelier et au vice-chancelier de Ballarat, Loretta Czernis et James Turk, respectivement présidente et directeur général de l’ACPPU, mettent en garde que la mesure de l’administration aura des répercussions internationales.
« Votre décision nous donne à entendre, ici au Canada comme dans l’ensemble de la communauté universitaire internationale, que l’Université de Ballarat ne respecte pas les droits fondamentaux inhérents à l’emploi et à la présence universitaire de ses employés », ont-ils écrit. « Cela aura de graves répercussions sur la capacité de votre établissement à recruter et à fidéliser des employés compétents à un moment où s’intensifie la concurrence que se livrent les employeurs pour recruter du personnel dans le monde entier. »