Je lis chaque semaine le bulletin Contact du Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’automobile (TCA). Au début du mois de mars, j’ai été agréablement surprise d’y lire un article rapportant qu’un collègue de l’Université St. Francis Xavier, Chris Frazer, avait organisé un rassemblement à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, pour protester contre une récente attaque homophobe survenue dans cette localité. Comme je désirais en savoir davantage, j’ai communiqué avec Chris. Apparemment, il s’agirait de la troisième agression de ce genre au cours de la dernière année.
Chris, qui est professeur d’histoire à St. Francis Xavier, fait également partie du caucus qui lutte contre l’homophobie et le sexisme. Ce caucus a réussi à alerter les bureaux d’équité de l’université et du syndicat des étudiants et à s’assurer leur appui. Il a également obtenu l’aide de Peter MacDonald, président de la section locale 2107 des TCA à Antigonish. Ensemble, ils ont mobilisé 200 résidents de l’endroit qui ont dénoncé l’attaque du 2 février dernier, où un homme a été agressé par deux autres hommes. Ses attaquants lui ont dit qu’ils le battaient parce qu’il était gai.
Selon Chris, le rassemblement a remporté un vif succès, mais il reste beaucoup à faire. « Je ne crois pas qu’une majorité de gens approuvent ce type de comportement, mais plusieurs raisons expliquent la survie de ce genre d’attitude, principalement due à une culture et à une tradition d’intolérance solidement enracinées. »
Plus j’en apprenais sur mon collègue, plus je désirais en savoir davantage sur son compte. De plus en plus intriguée, je lui ai écrit à nouveau. Chris est un spécialiste de l’histoire mexicaine post-coloniale; il en est à sa deuxième année à un poste menant à la permanence. Des nerfs d’acier? Pas vraiment. Chris a été un des membres fondateurs de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, au début des années 1980, lorsqu’il étudiait au Mount Royal College, à Calgary. « Je suis devenu activiste dès le début de ma vie adulte. Je participais déjà à ce genre d’activités avant de commencer mes études universitaires, à l’âge de 30 ans. Au fil des années, j’ai adhéré à des mouvements pacifistes, ouvriers, étudiants, ainsi qu’à d’autres mouvements de solidarité. »
Nul doute que de nombreux autres collègues que je ne connais pas suivent cette même voie. En plus de féliciter Chris de l’excellent travail accompli à Antigonish, j’aimerais donc remercier aussi tous ceux d’entre vous qui combattez l’intolérance dans votre communauté.
J’aimerais laisser le mot de la fin à Chris. « Pourquoi faire tout cela? Parce qu’il incombe aux établissements d’études supérieures et aux érudits de recourir à leurs ressources et à leurs compétences pour améliorer leurs communautés. La tour d’ivoire n’est qu’une illusion pernicieuse. Si vous ne faites pas partie de la solution, vous faites partie du problème. Si vous ne vous opposez pas à l’homophobie, vous contribuez à la perpétrer. »