Les femmes demeurent sérieusement sous-représentées au sein de la main-d’oeuvre universitaire; elles sont moins susceptibles d’obtenir la titularisation; elles sont plus susceptibles d’occuper des postes à temps partiel ou d’être nommées à des postes de durée déterminée; elles gagnent moins d’argent.
Ce sont là quelques-unes des principales constatations de l’étude Les femmes dans la main-d’oeuvre universitaire que l’ACPPU a réalisée sur la représentation, la catégorie d’emploi et le salaire des femmes universitaires au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Fait révélateur, l’étude observe que, parmi les cinq pays à l’étude, le Canada connaît le rendement le plus médiocre pour ce qui est de la proportion globale des femmes dans la main-d’oeuvre universitaire.
Selon la présidente de l’ACPPU, Loretta Czernis, cette étude met en lumière le besoin pressant de prendre des mesures plus dynamiques pour corriger le déséquilibre entre les sexes dans les universités et les collèges canadiens.
« Les administrateurs des universités et des collèges doivent appliquer plus judicieusement les politiques existantes d’équité en matière d’emploi et trouver des moyens de créer un milieu de travail qui favorise davantage la conciliation travail-famille », soutient Mme Czernis. « Les gouvernements ont aussi un rôle à jouer à cet égard afin d’assurer que leurs programmes de financement des établissements d’enseignement supérieur font la promotion active de l’égalité des sexes. »
Le gouvernement fédéral, poursuit Mme Czernis, pourrait notamment commencer par réaménager le Programme de chaires de recherche du Canada afin de créer un plus grand équilibre entre les sexes lors de l’attribution des chaires. Jusqu’à maintenant, précise-t-elle, seulement 20 % des chaires ont été accordées à des femmes.
L’étude a fait ressortir, entre autres, les constatations suivantes : Moins du tiers (32 %) des postes de professeurs d’université à temps plein au Canada étaient occupés par des femmes en 2003–2004, comparativement à 20 % il y a dix ans. Le Canada accuse néanmoins un retard sur les autres pays à l’étude. Les femmes occupent 40 % des postes de professeurs d’université à temps plein aux États-Unis, 36 % en Australie et en Nouvelle-Zélande et 35 % au Royaume-Uni.
Les femmes sont particulièrement sous-représentées parmi les universitaires des rangs les plus élevés. Le tiers environ (34 %) des professeurs agrégés au Canada et 18 % seulement des professeurs titulaires (soit moins de un poste sur cinq) sont des femmes. La proportion de professeures titulaires s’élève à 13 % au Royaume-Uni, à 14 % en Nouvelle-Zélande, à 19 % en Australie et à près de 30 % dans les établissements publics aux États-Unis. Par comparaison, les femmes composent la majorité du personnel universitaire à temps plein et sans rang, tels les chargés de cours et les instructeurs.
D’après Mme Czernis, cette différence s’explique en partie par le long cheminement requis pour atteindre les échelons supérieurs, car ce n’est que tout récemment que les femmes ont fait leur entrée en grand nombre dans la main-d’oeuvre universitaire. De plus, en moyenne, les professeures sont moins susceptibles que leurs collègues masculins de détenir un Ph.D. Dans tous les pays qui ont participé à l’étude, il était plus probable que les femmes soient nommées sans titularisation et qu’elles occupent des postes à temps partiel ou ne menant pas à la titularisation.
Au Canada, 70 % des hommes universitaires sont titularisés, alors que 18 % occupent des postes menant à la titularisation. Pour ce qui est des femmes universitaires, toutefois, moins de 40 % d’entre elles possèdent la titularisation, tandis que 25 % occupent des postes menant à la titularisation.
Aux États-Unis, la proportion globale des professeurs titularisés est sensiblement inférieure à celle du Canada en raison du nombre important et croissant de postes sans titularisation dans le système américain. Il convient toutefois de souligner que l’écart de titularisation entre les hommes et les femmes est inférieur aux États-Unis où plus de la moitié des hommes et 36 % des femmes sont titularisés.
Bien qu’il n’existe pas, comme le précise l’étude, de données complètes sur les professeures d’université à temps partiel au Canada, on estime qu’en 1997–1998, les femmes représentaient une plus grande proportion des universitaires à temps partiel (42 %) que des universitaires à temps plein (26 %).
Au Canada, au cours de la dernière décennie, seuls des gains modestes ont été observés pour combler l’écart salarial entre les sexes. En 1993, les femmes universitaires gagnaient en moyenne 17,6 % de moins que leurs collègues masculins. En 2003, cet écart avait rétréci à 13,4 %. L’étude constate des variations importantes selon la discipline, l’écart salarial le plus important étant observé dans le génie et les sciences appliquées et les sciences sociales.
Au Canada, l’écart salarial entre les sexes est toutefois inférieur par rapport à ceux des autres pays étudiés. Cette différence peut s’expliquer en partie par les taux plus élevés de syndicalisation des professeurs canadiens et par le fait que les échelles salariales communes sont établies dans les conventions collectives. En 2002–2003, l’écart salarial global était de 14,9 % au Royaume-Uni, de 20,4 % dans les établissements publics aux États-Unis et de 24,2 % dans les établissements privés de ce même pays.