Dans le but concerté de faire pression sur leurs employeurs pour qu’ils mettent fin à un âpre conflit salarial, les professeurs des universités britanniques ne corrigent plus les travaux des étudiants, annulent les cours et les séminaires et refusent de superviser les examens.
Les membres de l’AUT (Association of University Teachers) et de la NATFHE (National Association for Teachers in Further and Higher Education) ont voté à l’unanimité en faveur d’une action de grève pour forcer l’UCEA (Universities and Colleges Employers’ Association) à reprendre les négociations.
« Notre décision de recourir à une action de grève n’a pas été prise à la légère », a déclaré la secrétaire générale de l’AUT, Sally Hunt. « Les employeurs ont eu des mois pour mettre un terme à notre différend. Même après que nos membres nous eurent massivement conféré le mandat de passer à l’action, les employeurs refusent toujours de travailler sérieusement au règlement du conflit salarial actuel. »
Les syndicats ont déclenché une grève de 24 heures le 7 mars dernier, et ils prévoient un autre arrêt de travail pour les 2 et 3 mai prochains.
« Nous envisageons une telle mesure en dernier recours absolu », a ajouté Mme Hunt en précisant que les syndicats demeurent déterminés à résoudre le différend à la table de négociation et non pas sur les lignes de piquetage.
Les deux syndicats AUT et NATFHE sont en colère parce que les employeurs n’ont pas, comme ils l’avaient promis publiquement, utilisé les nouveaux fonds du gouvernement pour allouer des bourses aux étudiants et accorder des augmentations de salaire importantes à l’ensemble du personnel.
Mme Hunt a signalé que tous les syndicats du secteur de l’enseignement supérieur ont rejeté l’offre salariale de 6 % sur deux ans qui leur a été présentée le 28 mars dernier.
« Comment les employeurs peuvent-ils prétendre se préoccuper du bien-être de leur personnel et des étudiants alors qu’ils les traitent avec autant de mépris? C’est à ne rien y comprendre », a-t-elle ajouté.
Le secrétaire général de la NATFHE, Paul Mackney, explique que les maîtres de conférence, après avoir subi une baisse salariale au cours des deux dernières décennies, demandent que leurs salaires soient rajustés au niveau de ceux de professionnels comparables.
Et d’ajouter M. Mackney : « Personne ne conteste le fait qu’ils le méritent, et le rattrapage salarial est maintenant rendu possible grâce aux fonds supplémentaires de quelques milliards de livres sterling ».
Il précise que les recteurs des universités ont obtenu une augmentation salariale moyenne de 8 % l’an dernier et de 25 % sur les trois dernières années.
L’AUT et la NATFHE ont non seulement été exclues des négociations salariales qui se sont déroulées en mars, mais elles ont aussi été prévenues qu’elles seraient exclues des négociations futures si elles ne suspendaient pas leurs actions collectives.
« Présenter une offre sans même chercher à consulter les plus grands syndicats du personnel académi- que équivaut à un coup publicitaire raté », a soutenu Mme Hunt. « Les employeurs savent très bien que nos membres ne renonceront pas à ces actions tant et aussi longtemps que l’on ne nous présentera pas une offre sérieuse. Ils ont déjà accepté de nous rencontrer sans conditions dans des circonstances semblables. Le fait qu’ils posent des conditions à une rencontre à ce stade-ci va à l’encontre du prétendu engagement qu’ils ont pris de dialoguer plutôt que de susciter un différend. Nous sommes déçus qu’ils aient adopté cette approche délibérément néfaste. »