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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2007

L’AAUP remet en question le rôle des comités d'éthique

Les comités d’éthique de la recherche n’ont jamais été conçus pour surveiller le déroulement des programmes de journalisme ou des enquêtes menées par des étudiants inscrits aux programmes de majeur en sociologie. Ils outrepassent largement leur mandat et leur mission et, ce faisant, portent atteinte aux activités de recherche et d’érudition. Voilà la mise en garde que lance un récent rapport de l’American Association of University Professors (AAUP).
     
David Hyman, un des auteurs du rapport et professeur de droit et de médecine à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, estime que les comités d’éthique (appelés « institutional review boards » aux États-Unis) jouent un rôle important lorsque les sujets humains à l’étude sont exposés à des dangers réels, mais qu’« il y a quelque chose de profondément troublant à voir que les projets de recherche sur des sujets humains, peu importe s’ils font courir ou non de graves dangers aux sujets, doivent obtenir l’approbation préalable des comités ».
     
Le rapport recommande que les méthodes de recherche visant uniquement à recueillir des données au moyen d’enquêtes ou d’entrevues ou bien par l’observation de comportements dans des lieux publics soient soustraites à l’examen des comités d’éthique des établissements d’enseignement et que les exemptions ne soient pas conditionnelles à l’approbation de ces comités.
     
Le rapport recommande d’autre part que tous les collèges et universités où sont conduits, ou sous les auspices desquels sont conduits, des projets de recherche sur des sujets humains, financés par des organismes fédéraux, s’engagent à protéger les droits et le bien-être de tous les sujets humains qui participent à leurs recherches, quelle qu’en soit la source de financement.
     
Le rapport évoque plusieurs « histoires d’horreur plus ou moins connues » démontrant sans équivoque que le processus échappe à tout contrôle. Dans un cas, un linguiste qui souhaitait étudier le développement de la langue d’une tribu sans écriture s’est vu enjoint par le comité d’éthique de faire lire et signer un formulaire de consentement aux sujets, avant que l’étude ne puisse être entreprise. Dans un autre cas, un étudiant diplômé de race blanche s’est fait dire qu’il ne pouvait pas interviewer des étudiants africains-américains sur leurs aspirations professionnelles parce que l’exercice pourrait être traumatisant.
     
Jonathan Knight, directeur du service de la liberté académique, de la permanence et de la gouvernance de l’AAUP, indique qu’aucune analyse systématique des comités d’éthique ne permet de déterminer la fréquence de tels exemples, mais que les histoires de ce genre surgissent régulièrement.
     
Et pourtant, selon le rapport, le danger existe que l’application de la règle exigeant l’approbation préalable des projets de recherche par les comités d’éthique soit resserrée davantage. « Les plaintes publiées çà et là au cours des années n’ont guère eu d’autre résultat que de susciter des écrits chargés de colère et des plus consternants. »

Le rapport de l’American Association of University Professors sur les comités d’éthique est disponible (en anglais seulement) à l’adresse http://www.aaup.org/AAUP/About/committees/committee+repts/CommA/ResearchonHumanSubjects.htm

Traduit de l’article « AAUP Questions Scope of Research Ethics Boards » (Bulletin de l’ACPPU, novembre 2006).