Le Canada doit absolument formuler un ensemble de buts et d’objectifs explicites et bien définis pour l’enseignement postsecondaire (EP) à l’échelle nationale. Voilà l’une des principales constatations qui se dégagent du premier examen d’ensemble du secteur, rendu public en décembre dernier.
Dans son rapport intitulé
L’enseignement postsecondaire au Canada : Un bilan positif — Un avenir incertain, le Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA) prévient que l’absence d’intervention risque de mettre en péril la productivité à long terme du pays et sa prospérité soutenue.
« Notre secteur d’enseignement postsecondaire nous a très bien servis et, par conséquent, les Canadiens peuvent se vanter de compter parmi les populations les mieux instruites au monde; quoique pour assurer notre avancement comme pays, nous devons être en mesure de constater les progrès qui sont réalisés et de cibler les problèmes », a déclaré Paul Cappon, président-directeur général du CCA. « Pour y arriver, nous devons d’abord décider de la direction à prendre en tant que pays, puis déterminer les moyens pour y parvenir et voir si nous sommes en mesure de réussir. »
Selon l’analyse effectuée dans le cadre de ce rapport, la plupart des grands pays industrialisés cherchent à surmonter leurs obstacles en matière d’enseignement postsecondaire. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont adopté des stratégies nationales pour s’assurer que leurs systèmes s’adaptent et répondent aux exigences de l’économie du savoir.
« Le Canada n’a pas de mission commune dans ce domaine, et il existe des lacunes importantes dans l’information et l’analyse de l’enseignement postsecondaire. Cela nous empêche de cerner les problèmes et d’implanter des solutions adéquates et innovatrices », fait observer M. Cappon.
Parce que le Canada n’a pas établi de processus intégré d’examen de la qualité au niveau national et qu’il n’a pas non plus mis en place de système régional d’accréditation des établissements comme celui des États-Unis, les auteurs du rapport font valoir que les établissements canadiens, vivement désireux d’attirer des étudiants et de les garder — surtout de l’étranger — risquent de se tourner vers les organismes d’accréditation américains.
« Cela pourrait mener tout naturellement à l’américanisation des priorités, des perspectives, du contenu et de la langue de l’enseignement postsecondaire canadien et se répercuter négativement sur l’intégrité de l’enseignement supérieur du Canada et sur le sentiment d’identité distincte des Canadiens », poursuivent les auteurs.
Le rapport souligne d’autre part que le système canadien d’enseignement postsecondaire doit non seulement tenir compte des jeunes gens qui se préparent à faire des études universitaires et collégiales, mais aussi appuyer les programmes d’apprentissage, l’alphabétisation des adultes, l’apprentissage en milieu de travail, la formation en compétences techniques et la recherche universitaire.
Le CCA a réalisé cette étude pour indiquer aux Canadiens dans quelle mesure l’enseignement postsecondaire du pays répond aux besoins et aux attentes socio-économiques de ses citoyens et s’adapte à un environnement mondial en évolution rapide. L’étude montre aussi comment l’orientation du Canada en matière d’enseignement supérieur se compare à celle d’autres grands pays industrialisés.
« Si le discours abonde sur l’importance de l’enseignement postsecondaire pour l’avenir social et économique du Canada, aucun organisme n’avait, jusqu’à présent, tenté de manière significative d’évaluer le rendement de ce secteur », a déclaré James Turk, directeur général de l’ACPPU.
« Nous saluons le tableau d’ensemble que le conseil a dressé de la situation. Nous espérons que son rapport suscitera le dialogue sur les moyens de créer au Canada un véritable système d’éducation postsecondaire qui puisse répondre aux besoins de tous les Canadiens tout en préservant la qualité de l’enseignement et en améliorant l’accessibilité aux études. »
Le rapport du CCA est disponible en ligne
en cliquant ici.