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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mars 2007

L’ACPPU octroie 50 000 $ à l’APUL pour défendre la liberté académique

Le professeur Persinger de l'Université Laurentienne ne cesse d'être en butte aux attaques de l'administration de l'établissement.
Le professeur Persinger de l'Université Laurentienne ne cesse d'être en butte aux attaques de l'administration de l'établissement.
Le Fonds de la liberté académique de l’ACPPU a octroyé 50 000 $ à l’Association des professeurs de l’Université Laurentienne (APUL) pour soutenir la défense de la liberté académique du professeur de psychologie Michael Persinger.

« Professeur à l’Université Laurentienne depuis 30 ans et auteur de plus de 150 ouvrages scientifiques, M. Persinger subit les attaques soutenues de l’administration de l’établissement », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk.

En fait, précise ce dernier, les menaces contre le programme de recherche de M. Persinger ont commencé il y a plusieurs années, mais les événements se sont accélérés au cours des 18 derniers mois.

« Il est difficile de croire que l’université puisse se livrer à de telles actions contre M. Persinger et ses étudiants », a signalé M. Turk. « Nous sommes reconnaissants à l’association du personnel académique de s’être vite portée à la défense des droits du professeur. »

Les problèmes les plus récents sont apparus à la fin de 2005 lorsque M. Persinger et les membres de son équipe de recherche ont découvert que l’administration de l’université — sans aucun préavis — leur avait interdit l’accès au centre de soins aux animaux, dont le professeur et son équipe étaient de loin les utilisateurs les plus assidus. En 2004- 2005, M. Persinger a obtenu l’approbation de 26 protocoles de recherche en neurosciences cognitives.

« C’est un comité "novice" responsable des soins aux animaux qui a imposé l’interdiction d’accès parce que plusieurs des protocoles de recherche soumis par M. Persinger avaient été rejetés — des protocoles qui, quelques mois plus tôt seulement, avaient été approuvés à certaines conditions — et parce que le professeur avait, estimait-on, défié l’autorité du vétérinaire », a expliqué la déléguée en chef de l’APUL, Mercedes Steedman.

« Cette interdiction est venue s’ajouter à une longue série de mesures punitives : violations flagrantes de la procédure d’approbation des protocoles de recherche, interdiction à M. Persinger de superviser des étudiants des cycles supérieurs, refus d’admettre des étudiants désireux d’étudier avec lui et, tout récemment, interdiction à une chaîne de télévision de tourner sur le campus un reportage sur lui et ses travaux de recherche. »

Après avoir révisé les protocoles, le professeur Persinger a pu, avec son équipe de recherche, obtenir de nouveau l’accès au centre de soins aux animaux une fois que le comité eut approuvé certains protocoles et en eut soumis d’autres à un examen plus minutieux par les pairs.

Trois mois plus tard, toutefois, le comité décidait d’interdire à nouveau à M. Persinger et à son équipe l’accès au centre de soins, mettant ainsi en veilleuse l’exécution de tous les protocoles et obligeant le professeur à entamer une procédure d’appel que l’université a retardée pendant des mois.

Le 1er mars 2006, l’université a annoncé publiquement que l’interdiction d’accès imposée à M. Persinger et à son équipe tenait au fait que ceux-ci avaient contrevenu aux lignes directrices du Conseil canadien de protection des animaux. Puis, par la voie d’une note, l’administration de l’université a enjoint aux membres du comité responsable des soins aux animaux et à certains directeurs de départements de ne répondre à aucune demande de renseignements au sujet du professeur Persinger. L’ordonnance de bâillon était accompagnée d’un avertissement prévenant que toute déclaration en ce sens serait considérée comme un manquement grave aux devoirs et obligations des professeurs envers l’université.

L’établissement a ensuite modifié la procédure d’appel régissant les protocoles de recherche rejetés, et M. Persinger n’a reçu aucune réponse à son appel déposé des mois plus tôt en vertu de l’ancienne politique.

L’association du personnel académique a appris par la suite que le département de biologie avait refusé l’admission d’étudiants des cycles supérieurs qui voulaient étudier avec M. Persinger et que l’université exigeait dorénavant que les étudiants du professeur inscrits aux programmes de baccalauréat soumettent les protocoles de recherche reliés à leur thèse au conseil d’éthique de la recherche de l’université, alors que tous les autres étudiants du premier cycle, y compris ceux
inscrits au même programme, ne devaient obtenir que l’approbation du département.

En novembre, la chaîne de télévision Discovery a fait savoir à M. Persinger qu’elle souhaitait brosser un tableau de ses travaux sur l’influence des champs magnétiques sur la perception chez l’être humain. L’administration de l’université a refusé dans un premier temps, mais elle s’est ravisée après l’intervention de l’APUL et de l’ACPPU.

Dans un communiqué publié en février dernier, TVOntario a annoncé que M. Persinger avait remporté son concours annuel de « meilleur professeur-conférencier » et que l’Université Laurentienne recevrait une bourse de 10 000 $ en conséquence de cet honneur.

Ce mois-ci, l’administration de l’université a sommé M. Persinger de retirer du centre de soins ses 900 animaux de laboratoire — auxquels il n’a plus accès depuis plus d’un an — en l’absence de protocoles de recherche approuvés. Dans le même temps, l’administration refuse d’examiner tout nouveau protocole parce que l’APUL a entrepris de contester le traitement inéquitable réservé au professeur.

« L’APUL compte amorcer la procédure d’arbitrage de cette cause en mai 2007 », a indiqué Mme Steedman. « Il nous est impossible d’en préciser l’échéancier pour l’instant, mais l’affaire se poursuivra vraisemblablement jusqu’au début de 2008. »