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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2007

Enseignement postsecondaire : un groupe d’experts donne la parole aux Néo-Brunswickois

Les propositions formulées dans le cadre d’un processus d’examen public en cours au Nouveau-Brunswick pourraient déboucher sur une intégration plus poussée du système d’éducation postsecondaire de la province et sur la mise en place d’un régime de remboursement des prêts étudiants en fonction du revenu.

Ces propositions, contenues dans un document de réflexion publié le mois dernier par la Commission sur l’éducation postsecondaire, préconisent également une stratégie propre à augmenter les inscriptions dans les collèges et les universités de la province.

« Le document de la commission est, à plusieurs égards, manifestement biaisé », affirme Greg Allain, président de l’ACPPU. « Nous sommes particulièrement consternés de voir privilégier la rationalisation des programmes et l’octroi de prêts étudiants fondés sur le revenu. »

En général, ces prêts ne sont pas subventionnés et leur remboursement est lié au revenu gagné par
l’étudiant après l’obtention de son diplôme. De ce fait, ils augmentent considérablement le coût des études supérieures pour ceux qui se sont lourdement endettés puisque, s’agissant de prêts remboursables en fonction du revenu, les intérêts s’accumulent sur une période pouvant atteindre 25 ans. De plus, à l’exemple du Royaume-Uni et de l’Australie qui ont déjà pris un tel virage, ces régimes ont fait monter en flèche les droits de scolarité.

« Non seulement le Nouveau-Brunswick pratique des frais de scolarité très élevés, mais c’est aussi la province où le niveau de financement par étudiant pour les universités et les collèges est le plus faible au pays », souligne M. Allain. « La commission doit chercher avant tout à alléger le fardeau financier des étudiants et de leur famille et à améliorer le niveau de financement par étudiant. Si la province a réellement l’intention d’augmenter les inscriptions des groupes sous-représentés, elle devrait trouver des solutions pour réduire les droits de scolarité et majorer les bourses d’études. »

Au Nouveau-Brunswick, les droits de scolarité s’établissent en moyenne à 5 328 $ — soit le deuxième rang au pays parmi les niveaux les plus élevés. Selon une récente étude de la Commission de l’enseignement supérieur des Provinces maritimes, la dette moyenne des étudiants dans ces provinces dépasse la barre des 28 000 $.

Dans son rapport, la Commission sur l’éducation postsecondaire du Nouveau-Brunswick soulève la question de savoir s’il devrait exister une collaboration plus étroite entre les universités et les collèges. Elle reconnaît aussi le problème de sous-financement de la recherche par la province, donne même à
entendre que certaines universités pourraient délaisser plus ou moins la recherche au profit de l’enseignement, et propose d’évoluer vers un réseau universités-collèges à l’exemple du système en place en Colombie-Britannique.

« Le document de réflexion s’étend longuement sur les gains d’efficacité et les résultats du marché de travail, mais effleure à peine la mission historique et culturelle des universités du Nouveau-Brunswick », mentionne M. Allain. « Or, cette mission, qui est d’aller au-devant des besoins de collectivités bien définies et à laquelle s’attache bon nombre de nos établissements, est justement l’un des grands atouts du système d’éducation de la province. Et pour renforcer cette mission, il est essentiel d’accroître sensiblement les fonds de recherche. »

M. Allain dénonce d’autre part l’accent démesuré que met le rapport sur les résultats économiques.

« Si elle devait être appliquée, l’idée de susciter la participation accrue des entreprises au financement des universités porterait atteinte à l’indépendance des sénats », observe M. Allain. « Et le fait de privilégier les résultats du marché de travail pourrait en fait compromettre la véritable mission des universités, qui est d’apprendre aux étudiants à développer leur réflexion critique. »

La commission, coprésidée par Rick Miner, recteur du Collège Seneca et ancien vice-recteur de l’Université du Nouveau-Brunswick, et Jacques L’Écuyer, président fondateur de la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial du Québec, tiendra ce mois-ci, dans toute la province, des consultations publiques avec les intervenants du secteur de l’éducation postsecondaire. Elle doit présenter son rapport final au premier ministre de la province au cours de l’été.