L’Université Simon Fraser a reconnu ses erreurs et a transmis toutes ses excuses à David Noble pour les événements survenus en 2001 relativement à sa candidature à la chaire J.S. Woodsworth.
Ces excuses s’inscrivent dans le cadre d’un règlement à l’amiable qu’ont conclu l’Université Simon Fraser et le professeur de l’Université York, à qui l’on a refusé la chaire il y a six ans en dépit d’un énorme soutien de la part du corps professoral.
« Je suis heureux de l’issue des événements et du fait que l’Université Simon Fraser a reconnu les conséquences de ses gestes », a déclaré M. Noble.
Selon une déclaration de l’Université Simon Fraser faite aux médias le 25 juillet, « l’université reconnaît avoir commis des erreurs dans l’application de ses politiques à la candidature de M. Noble à la chaire J.S. Woodsworth. Étant donné la complexité du processus d’attribution des chaires universitaires, on ne peut déterminer avec certitude quel aurait été le résultat de la mise en candidature de M. Noble si ces erreurs n’avaient pas été commises. Toutefois, l’université reconnaît que ces dernières ont eu une incidence sur M. Noble au plan personnel. »
En 2000, un comité de recrutement établi par le département des sciences humaines de l’Université Simon Fraser avait recommandé M. Noble, éminent historien en matière de technologie et de société, comme premier choix pour l’attribution de la chaire.
Après avoir évalué sa demande, les membres du comité de recrutement avaient indiqué que M. Noble, militant et critique des relations entre les universités et les entreprises connu pour son franc parler, convenait bien au poste. Le titulaire de la chaire est censé représenter les valeurs de J.S. Woodsworth, qui n’a pas été sans critiquer un grand nombre des institutions de son époque.
En outre, le corps professoral considérait comme étant un avantage les travaux bien connus de
M. Noble sur les embûches de l’enseignement en ligne et à distance, qui constituent une critique cohérente jugée importante pour le débat qui avait lieu à une époque où l’Université Simon Fraser travaillait activement à la mise en place de ce type d’enseignement.
En dépit de la recommandation du département, les responsables de l’université ont rejeté la candidature et ont pris plusieurs mesures qui, de l’avis de M. Noble, montraient d’une manière manifeste que la chaire lui était refusée en raison de son militantisme. Ce dernier a ajouté qu’il s’agissait d’une violation de la liberté académique.
Le Comité de la liberté académique et de la permanence de l’emploi de l’ACPPU a convenu de ce fait. Il a chargé un comité d’enquête d’évaluer si le processus de recrutement avait été équitable et impartial et s’il y avait eu violation de la politique de l’ACPPU et de la liberté académique de M. Noble.
En 2003, le comité produisait un rapport accablant, qui indiquait que les interventions des administrateurs de l’Université Simon Fraser, en particulier du doyen des arts appliqués et du recteur de l’université, avaient violé la liberté académique de M. Noble.
D’après le rapport, ces personnes « ont imposé des exigences déraisonnables concernant le style (de M. Noble) de relations avec les universitaires et les établissements qu’il critiquait. Elles ont peut-être même soulevé des inquiétudes au sujet de ses opinions professionnelles sur le téléapprentissage et les relations entre les universités et les entreprises. »
Par exemple, le comité a établi que les administrateurs avaient imposé la nouvelle exigence selon laquelle la chaire devait représenter l’université, ce qui va à l’encontre de la liberté de critiquer l’université, l’un des principes de base de la liberté académique.
Les administrateurs ont également refusé de clarifier la perception, découlant des messages que se sont échangés certaines personnes, selon laquelle l’une des principales raisons ayant justifié le rejet de la candidature de M. Noble est précisément celle pour laquelle les professeurs estimaient qu’il était qualifié pour la chaire, à savoir sa critique ouverte des relations entre les universités et les entreprises et de l’enseignement en ligne.
Bien que le rapport ait recommandé que l’Université Simon Fraser renouvelle l’invitation lancée à M. Noble, les représentants de l’université ont contesté les conclusions qui y étaient formulées, affirmant que le processus de recrutement de l’université avait été adéquat.
Entretemps, M. Noble avait intenté une action en justice contre l’Université Simon Fraser.
Les conditions du règlement n’ont pas été rendues publiques, et M. Noble a déclaré qu’il lui est interdit d’en parler. Toutefois, il se dit heureux que sa longue bataille juridique soit terminée.