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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

octobre 2007

L’OCDE favorise la privatisation de l’éducation et non son accès

Dans son rapport annuel paru le mois dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) — la plus grande organisation internationale représentant les professionnels de l’éducation — favorise une augmentation de la privatisation de l’éducation au lieu de promouvoir un plus grand accès à une éducation publique.

Le rapport Regards sur l’éducation 2007, qui fait 472 pages, examine au niveau international des indicateurs comparables en matière d’éducation.

« L’OCDE néglige systématiquement de demander un plus grand investissement public dans l’éducation, mais le rapport de cette année demande clairement une augmentation de la privatisation du financement de l’enseignement supérieur », a déclaré le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, Fred van Leeuwen, dans un communiqué du 19 septembre dernier.

« Financer l’enseignement supérieur par le biais d’impôts généraux est le moyen le plus équitable d’assurer une éducation comme bien social dans les sociétés démocratiques. »

M. van Leeuwen a exprimé une mise en garde à l’encontre du programme de prêts étudiants en fonction du revenu établi par le gouvernement australien, que l’OCDE présente comme un exemple réussi de financement privé.

« Ces prêts basés sur le revenu empiètent sur des frais de scolarité dégressifs et placent une charge disproportionnée sur les étudiants issus des foyers à bas revenu », a-t-il précisé.

L’Internationale de l’Éducation souligne que les indicateurs de l’OCDE font ressortir les avantages économiques et sociaux dont bénéficient les personnes et les pays qui investissent dans l’éducation. Les pays dotés de systèmes éducatifs bien financés ont tendance à avoir les économies les plus prospères et les niveaux de rendement scolaire les
plus élevés.

Lacunes du Canada

Le rapport annuel de l’OCDE peut difficilement évaluer comment se classe à l’échelle internationale le système éducatif du Canada parce que celui-ci n’a pu fournir de données pour 57 des 96 indicateurs passés en revue dans le rapport.

Le Canada n’a transmis aucune donnée sur les personnes qui utilisent notre système d’éducation postsecondaire, sur les diplômés et sur les taux de décrochage. Il n’a fourni des données que sur deux des 28 indicateurs liés aux investissements publics et privés dans le secteur.

Le Conseil canadien sur l’apprentissage attribue ces lacunes au fait que le Canada ne recueille pas systématiquement les données utiles. Malgré les 34 milliards de dollars consacrés à l’éducation postsecondaire en 2007, indique le conseil, le Canada ne dispose pas des données qui lui permettraient d’évaluer adéquatement son rendement dans ce secteur.

« Nous ne pouvons procéder à une telle analyse (pas plus que l’OCDE) parce que le Canada n’est pas en mesure de fournir les données de base requises », affirme Paul Cappon, président-directeur général du conseil.

Le Canada se classe dernier parmi les États membres de l’OCDE et ses pays partenaires par la quantité d’information sur l’éducation postsecondaire fournie pour le rapport annuel, derrière les États-Unis et le Luxembourg, mais aussi le Chili et la Croatie.

S’il ne prend pas immédiatement les dispositions nécessaires pour combler ce manque d’information, le Canada ne sera pas en mesure de prendre des décisions éclairées ni de bien cibler les investissements dans le secteur de l’éducation postsecondaire, prévient le conseil.

« L’enseignement postsecondaire est essentiel pour la prospérité et la cohésion sociale futures du Canada », signale M. Cappon. « Si nous ne pouvons comparer notre rendement à celui d’autres pays, nous risquons de tirer de l’arrière. »