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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2008

Une entente négociée sous le voile du secret avec Navitas

L'ouverture prochaine d'un nouveau collège privé à l'Université du Manitoba

L'an dernier, l'Université du Manitoba a conclu une entente controversée par laquelle elle attribue à contrat la prestation des cours d'anglais langue seconde et des cours d'introduction pour les étudiants internationaux.
L'an dernier, l'Université du Manitoba a conclu une entente controversée par laquelle elle attribue à contrat la prestation des cours d'anglais langue seconde et des cours d'introduction pour les étudiants internationaux.
Les dirigeants de l’Université du Manitoba restent silencieux au sujet de l’ouverture d’un collège privé sur le campus à l’automne prochain, malgré les appels à la transparence de plus en plus nombreux et la controverse que suscite le projet.

Le Collège international du Manitoba (ICM), qui ouvrira ses portes aux étudiants étrangers à l’automne 2008, sera exploité à titre d’établissement d’enseignement privé à but lucratif par la société australienne Navitas Ltd., qui se décrit comme une « société internationale de formation ».

Les étudiants internationaux prêts à payer à Navitas des droits d’inscription exorbitants sui-vront des cours d’anglais langue seconde et des cours d’introduction et utiliseront les locaux de l’université, même si le collège ICM demeurera une entité juridique distincte.

Les négociations entourant l’entente se sont effectuées sans bruit, à l’insu du sénat de l’université, du bureau des gouverneurs et de l’association du personnel académique, et toutes les formalités d’usage avaient été réglées lorsque le projet a été annoncé le 26 novembre dernier sur le site web de Navitas.

L’université et Navitas ont toutes deux refusé de divulguer les détails de l’entente.

La présidente de l’association du personnel académique de l’Université du Manitoba, Brenda Austin-Smith, craint fort que l’accord négocié ne confère un statut particulier au collège privé, même si celui-ci n’est pas assujetti aux normes et évaluations usuelles auxquelles doivent se plier les départements de l’université.

Elle n’est par ailleurs pas convaincue que les « diplômés » de l’ICM seront soumis aux mêmes critères d’admission que tous les autres candidats qui se feront concurrence pour obtenir une place à l’université.

« Peut-on imaginer qu’un étudiant de l’ICM présentant une faible moyenne pondérée cumulative sera privilégié au détriment d’un étudiant ayant obtenu une MPC plus élevée après avoir terminé sa première année à l’Université du Manitoba? », s’interroge-t-elle.

Le vice-recteur à l’enseignement de l’université, Robert Kerr, soutient qu’une telle chose ne se produira pas, mais l’ICM garantit sur son site web « votre admission en deuxième année ».

En 2006, la société Navitas (anciennement IBT Education) a créé un collège semblable à l’Université Simon Fraser, appelé le Fraser International College.

Navitas est actuellement en pourparlers avec l’Université McMaster à Hamilton pour fonder ce qui pourrait être son troisième collège en sol canadien. Dans ce cas, cependant, la communauté universitaire a la possibilité d’examiner l’entente proposée avant que celle-ci ne soit soumise à un vote.

Les membres du corps professoral de l’Université du Manitoba n’ont eu vent du projet de l’ICM qu’en décembre dernier lorsqu’une annonce de postes à pourvoir au collège est parue dans le Globe and Mail.

La rectrice Emöke Szathmary et le vice-recteur Robert Kerr se sont retrouvés sous le feu des questions lors des dernières assemblées du sénat. Alors qu’on lui demandait si le sénat, de qui relève généralement toutes les questions relatives à l’enseignement, dispose du droit fondamental d’examiner l’entente, la rectrice a répondue : « Il n’appartient pas au sénat de passer en revue les contrats légaux. »

Selon Mme Austin-Smith, l’université ne cache pas son besoin d’attirer un plus grand nombre d’étu­diants internationaux, qui paieront des droits de scolarité plus élevés, pour compenser les compressions gouvernementales dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Mais, ajoute-t-elle, « outre le fait que l’université cherche à recruter du personnel enseignant de l’extérieur, ce qui inquiète, c’est le secret qui entoure ce projet. Une importante décision d’ordre aca­démique et administratif a été prise sans aucune consultation des or­ganes de direction de l’université ».