La nomination d'une commission de conciliation intervient à un moment où l'Université de Moncton traverse une crise accentuée en partie par l'échec des négociations.
L’intervention du gouvernement du Nouveau-Brunswick dans le conflit qui oppose l’Association des bibliothécaires, professeures et professeurs de l’Université de Moncton (ABPPUM) à la direction de l’établissement empêche les syndiqués de déclencher la grève avant la fin du semestre en cours.
En effet, le ministre du Travail Ed Doherty a choisi de nommer une commission de conciliation pour dénouer l’impasse dans les longues négociations — une mesure exceptionnelle et sans précédent dans le secteur de l’éducation postsecondaire de la province. La décision du ministre est tombée alors que l’université et le syndicat satisfaisaient aux conditions établies pour déclencher une grève ou un lock-out par suite de l’incapacité du conciliateur provincial à amener les deux parties à une entente.
D’ici à ce que la commission de conciliation soit constituée, qu’elle tienne des audiences et qu’elle soumette ses recommandations au ministre, la session universitaire sera terminée. Le syndicat ne pourra pas tenir un vote de grève dans les sept jours après que le ministre aura transmis le rapport de la commission aux parties.
La présidente de l’ABPPUM, Michèle Caron, a dénoncé l’approche musclée adoptée par le ministre Doherty pour régler l’impasse dans les négociations.
« Officiellement, cette mesure ne nous enlève pas notre droit de faire la grève, mais dans la pratique elle nous en prive bel et bien. », a déclaré Mme Caron.
Pour le directeur général de l’ACPPU, James Turk, la décision du gouvernement n’est dans l’intérêt de personne.
« Le médiateur provincial avait déjà jugé les positions des parties irréconciliables. La commission de conciliation n’aura pas plus de chances de réussir. En fait, elle ne servira qu’à envenimer la situation. », a noté M. Turk.
« Les membres du corps universitaire ont raison de croire que cette mesure se fera à leur détriment, et ils seront moins enclins à faire des concessions. Quant à l’employeur, rien ne l’incitera à transiger tant que le syndicat sera privé du droit de grève. »
Selon Mme Caron, la dernière offre faite par la direction à la fin de janvier ne suffit même pas à juguler ce qu’elle décrit comme la détérioration des conditions de travail et des programmes à l’université.
Le syndicat revendique pour ses membres la parité salariale avec les professeurs et les bibliothécaires de l’Université du Nouveau-Brunswick (ce qui leur avait été promis lors des négociations de 2000), un allégement de la charge d’enseignement maximale, l’équité pour les titulaires de postes à durée limitée ainsi que l’inclusion dans la convention de dispositions sur la protection des effectifs.
La dernière convention conclue entre l’université et les 300 membres du syndicat est expirée depuis juin 2007.