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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2008

Les restrictions budgétaires

Pour le personnel du Collège universitaire Malaspina, les compressions budgétaires entraîneront inévitablement un nombre considérable de mises à pied. [Photo : Communications and Public Relations/Malaspina University-College]
Pour le personnel du Collège universitaire Malaspina, les compressions budgétaires entraîneront inévitablement un nombre considérable de mises à pied. [Photo : Communications and Public Relations/Malaspina University-College]
Les restrictions budgétaires menacent l'éducation postsecondaire
S’il y a lieu de se réjouir de l’arrivée du printemps, de nombreux étudiants, enseignants et établissements d’enseignement postsecondaire n’ont aucune raison, pour leur part, de se réjouir du contenu de quatre budgets provinciaux récents.

Le sort réservé à l’éducation postsecondaire dans les budgets du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique a suscité chez les uns et les autres des réactions allant de félicitations discrètes mêlées de scepticisme prudent à des critiques verbales virulentes.

Colombie-Britannique
Le choc provoqué par les compressions permanentes de 2,6 % dans les subventions de fonctionnement des établissements postsecondaires, introduites dans le mois qui a suivi la présentation, le 19 février dernier, du budget du gouvernement de la Colombie-Britannique, ne s’atténue toujours pas. Le budget ne renfermait pas beaucoup de précisions sur le financement de l’éducation postsecondaire.

« Nous sommes extrêmement déçus d’apprendre, moins de deux semaines avant le début de la nouvelle année financière, que nous n’obtiendrons pas tout l’argent que le gouvernement nous avait promis », a déclaré Chris Petter, président de la confédération des associations de personnel académique de la Colombie-Britannique (CUFA/BC).

Des responsables gouvernementaux ont commencé en mars à rencontrer les représentants du secteur postsecondaire pour leur annoncer les compressions budgétaires.

Les établissements d’enseignement postsecondaire de la province calculent leurs budgets en fonction de niveaux de financement trisannuels établis par le gouvernement. Le budget pour le prochain exercice finan­cier avait été dressé en tenant compte du plan budgétaire annoncé par le gouvernement au printemps 2007, lequel devait permettre aux établissements provinciaux de planifier leurs activités jusqu’à 2009-2010.

« Cela relève de l’inconscience la plus totale », a affirmé Robert Clift, directeur général de la CUFA/BC. « Non seulement le gouvernement gère-t-il les fonds publics de façon incompétente, mais force est de constater qu’il crée ainsi une confusion et un chaos indescriptibles. Nous ne parvenons pas non plus à obtenir d’explication satisfaisante. »

M. Clift craint que ce manque à gagner ne se répercute différemment dans chaque établissement d’enseignement, contraignant certains à réduire de façon générale leurs dépenses, d’autres à appliquer des réductions verticales et à se restructurer, et d’autres encore à décréter un gel du recrutement.

Le gouvernement exige que l’augmentation des frais de scolarité ne dépasse pas le taux d’inflation, mais M. Petter estime que « les étudiants ressentiront d’une façon ou d’une autre les effets négatifs » de ces compressions budgétaires.

Quelques jours après ces réunions, plusieurs établissements de la Colombie-Britannique avaient déjà annoncé comment ils feraient face à ces réductions.

Le Collège de New Caledonia a déclaré qu’il réduirait la taille de son corps professoral.

Les trois syndicats représentant près de 1 000 employés du Collège universitaire Malaspina se sont fait dire, le 27 mars dernier, que l’éta­blissement était confronté à une crise budgétaire et qu’il fallait s’attendre à de nombreuses mises à pied.

Les compressions proposées dans les programmes ont surpris et choqué les professeurs et les étudiants du Collège communautaire de Vancouver. Ces réductions se traduiront par la mise à pied de 7 % du corps professoral de l’établis­sement et par la suppression de classes qui accueillaient plus de 1 000 étudiants chaque année.

« L’approche des libéraux de la Colombie-Britannique à l’égard de l’éducation postsecondaire a toujours suscité des inquiétudes, mais ces réductions confirment simplement qu’ils n’ont pas de plan et ne savent pas quelle direction prendre », a affirmé Cindy Oliver, présidente de la Federation of Post Secondary Educators de la Colombie-Britannique. « Des programmes et des possibilités d’accès disparaissent dans l’ensemble du système postsecondaire public. »

D’après Mme Oliver, les étu­diants doivent déjà surmonter suffisamment d’obstacles pour accéder à l’éducation postsecon­daire, et ces réductions ne feront qu’empirer les choses.

Saskatchewan
Les syndicats représentant le personnel universitaire de la province constatent que le dernier budget de la Saskatchewan comporte des mesures positives comme le maintien du gel des frais de scolarité à l’Université de la Saskatchewan et à l’Université de Regina et la hausse du financement direct des établissements d’enseignement postsecon­daire, mais ils expriment toutefois des réserves sur son contenu.

Dorothy Lane, présidente de l’association du personnel académique de l’Université de Regina, a fait observer que le budget du 19 mars comporte plusieurs importantes propositions visant l’éducation postsecondaire, mais que les crédits supplémentaires accordés par le gouvernement ont surtout pour but de créer des places dans les programmes de formation en santé et à l’école de gestion publique de l’Université de Regina.

« Nous nous préoccupons du fait que le gouvernement accroît son soutien à cette école chargée de “former de brillants esprits destinés à un brillant avenir au sein de la fonction publique”, la formulation choisie par le gouvernement laissant craindre une ingérence politique éventuelle dans le domaine des programmes postsecondaires », a-t-elle dit, ajoutant que le plan proposé n’aide en rien les programmes d’arts libéraux de base des universités de la Saskatchewan.

Mme Lane estime que les propositions de financement annoncées dans le budget appuient de façon générale les dépenses en immobilisations et en infrastructure et n’accordent que peu d’importance au maintien des effectifs universitaires et à la mise en œuvre des programmes.

« Nous avons aussi de graves inquiétudes à l’égard du climat actuel des relations du travail dans la province et de son incidence sur l’esprit de collégialité à l’université », a-t-elle ajouté.

Ontario
« Un Ontario du savoir » qui passe par la promotion de « l’excellence de l’éducation publique » est l’objectif avoué du budget présenté le 25 mars dernier par le ministre des Finances de l’Ontario, Dwight Duncan, un budget dont l’élément central est un programme de formation spécialisée de 1,5 milliard de dollars sur trois ans.

Même si le financement ciblé annoncé a sans doute plu à certains collèges, les corps professoral et étudiant des universités ont vertement critiqué cette mesure budgétaire.

Quelque 550 000 étudiants à temps plein des niveaux collégial et universitaire bénéficieront de subventions de 385 millions de dollars sur trois ans pour l’achat de manuels et de matériel technologique. Toutefois, les étudiants ont dénoncé le caractère « symbolique » de ces investissements, affirmant qu’il était plus urgent d’investir des fonds pour alléger leur niveau d’endettement et pour freiner l’augmentation des droits de scolarité.

Brian Brown, président de l’Union des associations de professeurs des universités de l’Ontario, a déclaré que les fonds prévus dans le budget pour le renouvellement de l’infrastructure n’étaient pas suffisants et que l’Ontario vient toujours au dernier rang pour ce qui est du financement des universités par habitant, alors que le rapport étudiants-professeur, qui est de 26 à 1, est le plus élevé du pays.

« La seule façon de réduire la taille des classes et d’améliorer le rapport étudiants-professeur est de recruter dès maintenant davantage de professeurs », a-t-il dit.

Selon M. Brown, on estime que d’ici 2009-2010, le nombre d’étu­diants du premier cycle aura doublé par rapport à ce qu’il était en 2003 et atteindra 92 000. Il faudra embaucher 5 500 professeurs pour faire face à cette croissance, défi que le gouvernement ne s’est pas employé à relever dans le budget.

Nouveau-Brunswick
Le gel des frais de scolarité pour 2008-2009 dans les quatre uni­versités du Nouveau-Brunswick, annoncé dans le budget du 18 mars, a valu des félicitations au gouvernement, mais ces félicitations s’accompagnaient de l’expression du regret que ce gel ne dure qu’un an.

« Nous nous réjouissons évidemment du gel des frais de scolarité », a affirmé Gary Long, président de la Fédération des associations de professeurs d’universités du Nouveau-Brunswick. « Il ne s’appliquera cependant que pendant un an. Le budget prévoit une augmentation de 6 % du financement accordé aux universités, mais une bonne part de ces fonds servira à financer le gel des droits de scolarité, ces derniers ayant toujours tendance à augmenter. »

M. Long pense que le gouvernement provincial devrait supprimer les droits de scolarité des étudiants se destinant à l’université et acquitter lui-même la facture.

Si, comme le précise l’exposé budgétaire, « le Nouveau-Brunswick est la province canadienne ayant le plus faible pourcentage de personnes qui ont terminé au moins certaines études postsecondaires », M. Long dit douter qu’une augmentation de 6 % du financement facilite vraiment l’accès à l’éducation postsecondaire.