L’Université des Premières nations du Canada (UPNC) pourrait être frappée de censure par l’ACPPU si ses dirigeants ne consentent pas à faire cesser les violations graves des principes fondamentaux de gouvernance universitaire, à remédier aux problèmes constatés à l’égard de la liberté académique et à se conformer aux conventions collectives qu’ils ont négociées.
Les délégués qui ont pris part à l’assemblée printanière du Conseil tenue en mai ont voté à une très large majorité une motion demandant que l’UPNC soit frappée de censure en novembre prochain si les dispositions appropriées ne sont pas prises pour améliorer la gouvernance, restaurer la liberté académique et respecter les conventions collectives.
« La censure est une sanction extrêmement sérieuse qui est très rarement appliquée », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « Mais puisque les responsables de l’UPNC ont contrevenu aux traditions les plus profondes de la gouvernance universitaire, ont passé outre aux
dispositions des conventions négociées et ont porté atteinte à la liberté académique, l’ACPPU est tenue de faire tout en son pouvoir pour corriger la situation. »
L’UPNC s’est enfoncée dans une crise il y a trois ans, lorsque Morley Watson, vice-chef de la Federation of Saskatchewan Indian Nations (FSIN) et alors président du conseil d’administration de l’université, a renvoyé plusieurs cadres administratifs sans préavis, saisi les ordinateurs centraux de l’université afin d’en copier les disques durs contenant les dossiers des professeurs et des étudiants, et éjecté de leur bureau les membres du personnel administratif.
Devant l’opposition des membres du personnel académique, des aînés de l’établissement, de l’association du personnel académique de l’Université de Regina et de l’ACPPU, la FSIN a créé un groupe de travail regroupant des chefs afin qu’il lui propose un modèle de gouvernance adéquat pour l’université. En novembre 2005, le groupe de travail a déposé son rapport, dans lequel il recommande la formation d’un conseil d’administration beaucoup plus restreint et essentiellement indépendant de la FSIN.
M. Turk déplore que les principales recommandations du groupe de travail en matière de la gouvernance n’aient jamais été mises en oeuvre, ce qui a mené à l’amplification des problèmes.
Depuis l’intervention initiale de M. Watson, rapporte M. Turk, le recteur, deux vice-recteurs, des doyens des trois campus, plus du tiers du corps professoral et environ la moitié du personnel administratif, professionnel et technique ont été congédiés ou ont démissionné. En outre, la situation a donné lieu à une chute substantielle du nombre d’inscriptions, à une baisse des revenus tirés de travaux de recherche et de projets spéciaux ainsi qu’à une crise financière majeure.
L’association du personnel académique de l’Université de Regina a déposé 33 griefs pour des infractions à la convention collective de ses membres de l’UPNC. L’an dernier, après la conclusion des négociations relatives à la convention du personnel académique, la direction de l’établissement a annoncé ne pas disposer des ressources financières suffisantes pour mettre en oeuvre les dispositions de l’entente.
Si elle devait être frappée de censure, l’UPNC éprouverait de sérieuses difficultés à recruter et à maintenir en poste du personnel et à accueillir des conférences universitaires.
« La censure signifie que les membres de la communauté universitaire tant au Canada qu’à
l’étranger seront invités à ne pas accepter de poste dans l’établissement visé », explique M. Turk. « Il seront fortement encouragés à ne pas y présenter d’allocution, ni à participer de quelque autre façon que ce soit aux activités et aux conférences qui y seront tenues, et à refuser toute distinction qui pourra leur être décernée par l’université. Les organisations universitaires seront en outre incitées à ne pas y tenir d’activité. »
Les derniers cas de censure ont été imposés en 1979 contre l’Université Memorial de Terre-Neuve et l’Université de Calgary.
M. Turk a indiqué que des représentants de l’ACPPU se réuniront le 24 juin prochain avec ceux de l’UPNC pour débattre des problèmes en cause. « Nous comptons bien profiter de l’occasion de nous asseoir à la même table que les représentants de l’Université des Premières nations en vue de trouver une solution satisfaisante pour les deux parties », a-t-il ajouté.
Traduit de l’article « First Nations University Facing CAUT Censure » (Bulletin de l’ACPPU, mai 2008).