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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

septembre 2008

L’ACPPU appelle Acadia à réintégrer un professeur congédié

Colin Wightman – Le comité d’enquête mandaté par l’ACPPU conclut que le professeur a été congédié sans motif valable.
Colin Wightman – Le comité d’enquête mandaté par l’ACPPU conclut que le professeur a été congédié sans motif valable.
Un comité d’enquête de l’ACPPU a conclu que l’Université Acadia avait eu tort de congédier le professeur titulaire Colin Wightman, également directeur de l’école d’informatique et doyen intérimaire des sciences de cet établissement.

Dans son rapport publié en juillet, le comité recommande que M. Wightman soit rétabli dans son poste et dédommagé de ses pertes financières. Se di­sant fort préoccupé par les mesures prises par l’université, le comité re­com­mande aussi que l’ACPPU envisage de frapper l’université de censure si celle-ci refuse de réintégrer M. Wightman.

Le congédiement est survenu après qu’une plainte déposée en juin dernier auprès de la GRC accusait M. Wightman d’inconduite sexuelle à l’endroit d’une jeune femme qui n’avait aucun lien avec l’université. Une fois informé qu’il faisait l’objet d’une enquête de la GRC, M. Wightman a téléphoné à son épouse puis au recteur et au directeur des ressources humaines d’Acadia.

L’université l’a mis en congé payé temporaire et a annulé sa nomination intérimaire au poste de doyen. Deux mois plus tard, il a été informé par écrit par la GRC que celle-ci ne comptait porter aucune accusation contre lui. Au début septembre, M. Wightman a été convoquée à une réunion avec le directeur des ressources humaines et Tom Herman, le vice-recteur intérimaire à l’enseignement, et a été congédié.

L’association du personnel académi­que de l’Université Acadia a alors déposé un grief, mais la commission d’ar­bitrage saisie a décrété qu’elle n’avait pas juridiction pour l’entendre parce que M. Wightman, en tant que doyen intérimaire, ne faisait pas partie de l’unité de négociation au moment de son congédiement.

Dans la lettre de licenciement remise à M. Wightman, M. Herman déclare que « la conduite du professeur qui est à l’origine de l’enquête (menée par la GRC) est inconciliable avec le mandat, les principes directeurs et les impératifs d’exploitation de l’Université Acadia ». Et il ajoute qu’« il est de la plus haute importance que la répu­tation de l’université soit protégée… sa réputation d’établissement sûr et respectueux des valeurs morales où tous ses employés doivent se conduire de manière à préserver cette réputation… ».

La lettre mentionne également que M. Wightman avait utilisé l’ordi­nateur portable de l’université pour « échanger des propos de na­ture sex­uelle des plus inconvenants dans les bavardoirs sur Internet… ».

Le comité d’enquête de l’ACPPU indique dans son rapport que « la révocation de la permanence d’un professeur titulaire (et tout particu­lièrement d’un professeur titulaire à qui une université a confié un poste de directeur puis un poste de doyen) ne saurait être justifiée qu’en cas d’infraction grave aux conditions de travail ».

Au sujet des questions morales, le comité émet l’observation suivante : « L’Université Acadia a perdu de vue la nature personnelle et privée de la conduite du professeur Wightman. Il n’y avait pas de lien entre les actes qui ont donné lieu à l’enquête policière et l’université. En fait, si M. Wightman n’avait pas fait preuve d’autant d’honnêteté en informant les dirigeants d’Acadia de la tenue de cette enquête, ces der­niers ne l’auraient probablement ja­mais su. Dans ce sens, M. Wightman est puni pour son honnêteté. »

Le comité exprime ses réserves sur le fait que les activités privées d’une personne puissent être associées à une violation d’une politique universitaire. « (Un tel raison­ne­ment) ouvre la voie à toutes les formes de congédiement fondées sur des comportements que pourraient désapprouver l’université. Que la gendar­merie ait disculpé le professeur Wightman à l’issue de son enquête semble dépour­vu de toute pertinence pour les diri­geants de l’université. »

Le comité fait également observer que la lettre de licenciement remise à M. Wightman par M. Herman ne rend aucunement compte des présumées violations des politiques de l’université relatives au matériel informatique.

Le comité écrit par ailleurs que la GRC, qui avait eu en sa possession, pendant toute la durée de son enquête, le portable de l’université prêté à M. Wightman, n’y avait trouvé aucun matériel pouvant donner lieu à des poursuites, après avoir effectué une vérification judiciaire approfondie. Pourtant, l’Université Acadia, dont le portable lui a été retourné à la fin du mois d’août, affirme disposer d’éléments de preuve suffisants, fondés sur les conversations tenues dans les bavardoirs sur Internet, pour justifier le congédie­ment du professeur, après une enquête d’une semaine.

« Comment cela peut-il être pos­sible? », s’interroge le comité dans son rapport. « L’ancien directeur des services informatiques s’est de­mandé si Acadia disposait des res­sources en matière de criminalisti­que suffisantes pour mener le type de vérification qui permet de confirmer le bien-fondé des affirmations de l’université. Il peut être possible de répertorier les connexions entre le serveur d’Acadia et un ba­var­­doir, mais il improbable que l’on puisse déterminer le contenu de la con­nexion et de la session de bavar­dage. Il se trouve que l’Université Acadia porte des accusations contre le professeur Wightman sur la base d’élé­ments de preuve cir­constancielle et pour un motif de désapprobation morale, sans donner de précisions ni solliciter d’explications. »

Le comité soutient que, bien que M. Wightman ait admis s’être servi de l’ordinateur portable de l’université pour fréquenter les bavardoirs, « l’accès aux salons de cyberbavar­dage et la transmission de messages à l’intérieur de ces salons sont loin de constituer des motifs de congé­diement ». De plus, le comité a constaté que l’université n’avait pris aucune mesure disciplinaire en ce sens en application de sa propre politique informa­tique, qui prévoit une procédure de traitement des plaintes et d’appel.

Avant que le rapport du comité ne soit rendu public en juillet, le di­recteur général de l’ACPPU, James Turk, en a envoyé des copies à l’université et à M. Wightman afin que les parties puissent en arriver à un « règlement juste et mutuellement acceptable ». Il a également demandé à M. Wightman de diffé­rer toute poursuite judiciaire contre l’université pour que l’on puisse disposer du temps nécessaire pour trouver un règlement au litige. M. Wightman a don­né son consen­tement, mais l’Uni­versité Acadia a refusé de s’engager dans des pourparlers. M. Wightman a depuis intenté une poursuite contre l’université pour congédiement injustifié.

Le Comité de la liberté acadé­mi­que et de la permanence de l’emploi de l’ACPPU a demandé au Comité de direction de présenter une motion de censure à l’endroit de l’Université d’Acadia lors de l’assemblée de novembre du Conseil de l’ACPPU.