Je suis surpris que le Bulletin de l’ACPPU ait jugé bon de reproduire le texte de Martin Cohen sur Wikipédia («
Encyclopaedia Idiotica », octobre 2008). Depuis sept ans qu’elle existe, cette encyclopédie a certes suscité de nombreuses critiques, mais je n’avais encore jamais lu un point de vue aussi biaisé et aussi superficiel.
Les préjugés de l’auteur ne portent pas seulement sur le contenu de Wikipédia mais s’attaquent aussi à ses fondements, qui constitueraient, à l’en croire, « a sinister and subtle threat to freedom of thought ». L’auteur ne développe malheureusement pas cette affirmation. On serait curieux de savoir, en effet, en quoi cette encyclopédie collaborative menace la liberté de pensée, alors que tout un chacun peut y écrire, modifier un article et défendre son point de vue. Son modèle collaboratif est au contraire bien équipé pour éviter « all the prejudices and ignorance of its creators », ce qui n’est pas toujours le cas des modèles éditoriaux fermés.
La hargne de l’auteur est tellement irrationnelle que j’en viens à me demander si M. Cohen ne chercherait pas à régler ses comptes avec Wikipédia pour le motif non avoué que ses propres contributions n’auraient pas été acceptées par le passé.
Ses préjugés ne s’arrêtent pas à Wikipédia, mais visent globalement tout ce qui se trouve en ligne et qui peut faire objet d’une recherche dans Google. De toute évidence, l’auteur ne semble pas savoir ou préfère ignorer que des dizaines de milliers de revues scientifiques sont maintenant en ligne, souvent sans aucun support imprimé. Dans son délire, l’auteur s’en prend même à l’encyclopédie Larousse en ligne, qu’il accuse de récrire tous les articles en vue d’assurer la prééminence des penseurs français. Il est consternant qu’un journal canadien imprime pareilles inepties et leur donne crédibilité.
Pour un point de vue plus nuancé, je vous invite à lire mon article sur le phénomène Wikipédia à
www.lettres.uottawa.ca/vanden/ wikipedia.html.
Christian Vandendorpe
Lettres françaises
Université d’Ottawa
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