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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mars 2010

Vent d’opposition contre l’externalisation aux universités de Windsor et Dalhousie

Non à Navitas — Carrie Dawson, présidente désignée de l’association du personnel académique de Dalhousie, et Terry Mitchell, présidente de l’association, ont dénoncé le projet de partenariat avec Navitas dans une lettre ouverte à la communauté universitaire. [Photo : David Tindall]
Non à Navitas — Carrie Dawson, présidente désignée de l’association du personnel académique de Dalhousie, et Terry Mitchell, présidente de l’association, ont dénoncé le projet de partenariat avec Navitas dans une lettre ouverte à la communauté universitaire. [Photo : David Tindall]
Le projet de collège privé proposant des modules universitaires et une formation linguistique en anglais qu’un prestataire de services d’éducation à but lucratif tente d’implanter sur le campus de l’Université de Windsor se heurte à une farouche opposition.

Au terme d’un long débat interne qui s’est déroulé le mois dernier à propos d’un projet de coentreprise avec Study Group International (SGI), le sénat de l’université a voté contre un volet du projet visant à créer des « voies d’accès à des diplômes » pour les étudiants étrangers.

Si, pour SGI, la décision du sénat met un frein à ses visées d’expansion sur le marché canadien, elle constitue incontestablement une victoire pour le corps professoral et les étudiants qui ont fait campagne contre ce qu’ils dénoncent comme l’« externalisation » de l’éducation.

Selon James Winter, professeur de communications, médias et études cinématographiques à Windsor, la proposition de partenariat risque de porter atteinte à la qualité et à la réputation de l’université. Dans un article éditorial publié en janvier dans le Windsor Star, il met en garde contre les tentatives faites par l’université pour exploiter de nouvelles sources de revenus, soulignant que « nos préoccupations par rapport aux étudiants étrangers et à l’équilibre budgétaire ne doivent pas nous amener à renoncer à l’inté­grité académique ».

Mais le projet de coentreprise entre SGI et l’Université de Windsor, malgré son rejet par le sénat, n’est pas pour autant enterré. Le vote de février portait sur la mise en place de programmes d’études commerciales par SGI. Apparemment, le sénat devrait se pencher ce mois-ci sur d’autres projets d’entente avec les facultés des sciences et des arts et sciences sociales.

Le président de l’association du personnel académique de l’université, Brian Brown, a fait savoir que des mesures étaient en cours pour sensibiliser pleinement les membres de chacune des facultés touchées aux conséquences négatives de telles ententes.

Entre-temps, l’Université Dalhousie à Halifax étudie la possibilité de conclure un partenariat public-privé avec Navitas, un concurrent de SGI.

La société à but lucratif Navitas, qui a déjà établi des collèges privés pour les étudiants étrangers sur deux campus canadiens — le Fraser International College à l’Université Simon Fraser et l’International College Manitoba à l’Université du Ma­nitoba — envisage maintenant de conclure une coentreprise du même genre avec Dalhousie.

Dans une lettre ouverte à la communauté universitaire, l’association du personnel académique appelle à l’abandon des négociations concernant le projet de partenariat et demande à la direction de consulter le corps professoral et les étudiants sur la mise en œuvre d’une stratégie permettant de recruter et d’encadrer une population étudiante plus diversifiée.

« Au lieu de mettre notre réputation entre les mains d’une société motivée par le profit comme Navitas, nous devrions travailler ensemble à l’établissement de programmes internes solides dont l’enseignement serait dispensé par nos professeurs en conformité avec nos normes », recommande l’association dans sa lettre.

L’opposition que rencontre SGI et Navitas n’est rien de nouveau pour elles. Les deux sociétés, à l’instar de leurs concurrents INTO et Kaplan, cherchent énergiquement à conclure des partenariats de croissance avec des universités d’autres pays. Et elles se heurtent généralement à la résistance des syndicats du secteur de l’éducation.