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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2010

De bons et de mauvais budgets provinciaux

Terre-Neuve-et-Labrador

Le budget déposé le 29 mars par le gouvernement Williams suscite des réactions mixtes de la part de la communauté académique.

Le président de l’association du personnel académique de l’Université Memorial de Terre-Neuve, Ross Klein, se réjouit de l’aide au logement étudiant apportée par le gouvernement et de l’engagement de ce dernier à empêcher toute augmentation des frais de scolarité, mais ajoute néanmoins que « nos membres n’en demeurent pas moins préoccupés par le vieillissement et la dégradation des infrastructures dans lesquelles nous travaillons ».

Le budget 2010 prévoit 17,3 millions de dollars pour la construction d’un nouveau bâtiment et des travaux de modernisation au Collège de l’Atlantique Nord et 41,7 millions de dollars pour la construction d’un nouvel édifice d’enseignement sur le campus de l’Université Memorial à Corner Brook, de deux nouvelles résidences étudiantes à St. John’s et à Corner Brook et des travaux différés d’entretien et de réparation des installations en place.

M. Klein souligne toutefois que si les surfaces de laboratoire et l’équipement de recherche de certains départements sont pris en compte dans l’équation, les besoins en ce sens de bon nombre d’autres départements ne le sont pas suffisamment. Or, indique-t-il, la croissance des besoins en infrastructures doit suivre le même rythme que celle du corps universitaire. « Dans certains départements, les membres du personnel sont contraints d’occuper à deux des bureaux conçus pour une seule personne. »

Par ailleurs, le budget ajoute 2 millions de dollars au programme de bourses d’études supérieures, une augmentation dont on avait grandement besoin, estime M. Klein.

Le représentant de Terre-Neuve auprès de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, Daniel Smith, a salué avec en­thousiasme l’octroi de ces crédits supplémentaires.

Il a fait savoir que les étudiants avaient également applaudi l’annonce du maintien du gel des frais de scolarité, mais qu’ils compte­ront sur le gouvernement pour réduire ces frais « à mesure que la pro­vince se dir­igera vers une reprise économique ».

Québec

Rempli de belles paroles mais avare de détails, l’exposé budgétaire du 30 mars annonce essentiellement un train de mesures d’austérité telles que des augmen­tations de taxes et d’impôt, des gels de sa­laires et le plafonnement des dépenses en éducation à hauteur de 2,2 % au cours du prochain exercice.

La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) considère comme une « amère déception » le sort réservé dans ce budget au secteur de l’éducation postsecondaire, qui a été durement touché du fait que l’augmentation de 3,5 % des cré-dits annoncés dans le budget 2009 ne s’est jamais réalisée et que le financement octroyé a été limité à 2,2 %.

Le gouvernement québécois doit encore résorber une impasse budgétaire de 33 millions de dollars (16,5 %) au chapitre des fonds de recherche alloués dans le budget de 2009-2010, alors que la FQPPU prévient que l’octroi de 75 millions de dollars en fonds ciblés au titre du programme de soutien à l’innovation et à l’exportation ne fera que contribuer à la commercialisation de la recherche au détriment de la liberté académique.

Le budget propose également de lever, à compter de 2012, le gel des frais de scolarité à l’université — l’un des points forts du secteur de l’éducation supérieure du Québec. Le gouvernement con­voque­ra à l’automne une rencontre des « partenaires de l’éducation » en vue d’établir les moda­lités des hausses futures des droits de scolarité.

Les associations étudiantes n’ont pas tardé à dénoncer les augmentations envisagées de ces frais.

Dans un communiqué, la Fédé­ration étudiante universitaire du Québec déplore l’intention du gouvernement de mettre fin au gel des frais de scolarité sans même consulter les parties concernées.

Quant à la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), elle estime déraisonnable de sacrifier l’accès à l’université lorsque 70 % de tous les nouveaux emplois nécessitent une éducation ou une formation de niveau postsecon­daire, notant que le Québec, grâce à sa politique actuelle, enregistre le taux d’inscription le plus élevé au pays.

« Le gouvernement du Québec a tourné le dos aux étudiants et à leurs familles », a déclaré la
pré­sidente nationale de la FCÉÉ, Kath­erine Giroux-Bougard. « Le faible niveau des frais de scolarité prati­qués au Québec contribue à stimuler la prospérité économi­que future de la province, ce que vien­drait anéantir toute décision du gouvernement d’imposer des hausses. »

Ontario

Comme il en avait fait l’annonce plus tôt dans le discours du Trône, le gouvernement de l’Ontario a mis en avant dans son budget du 25 mars les 310 millions de dollars qui seront investis cette année pour accroître de 20 000 le nombre de places dans les collèges et les universités.

L’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (OCUFA) reconnaît que cette me­sure budgétaire s’inscrit dans une démarche positive, mais qu’elle laisse en suspens une foule de questions de plus vaste portée.

« Il n’y est fait aucune mention de la nécessité d’embaucher davantage de professeurs pour enseigner à ces nouveaux étudiants », souligne le président de l’OCUFA, Mark Langer. « L’enseignement universitaire est tributaire des rapports entre professeur et étudiant. Mais de tels rapports n’existent tout simplement pas dans un amphithéâtre comptant plus de 500 places. »

L’OCUFA a également fait part de ses préoccupations sur le manque d’engagement de la part du gouvernement provincial à allouer les ressources nécessaires à l’appui du système proposé de transfert des crédits, ainsi que sur la promesse qu’il a faite d’augmenter de 50 % le nombre d’inscriptions d’étudiants étrangers.

Les réactions des étudiants sont partagées face aux mesures budgé­taires de 2010 relatives aux frais de scolarité et à l’aide financière. Si certains étudiants se réjouissent des nouvelles règles applicables au revenu d’emploi et des nouveaux allégements pour les aides financières et les emprunts consentis, d’autres déplorent l’intention du gouvernement d’appliquer, sur les deux prochaines années, des hausses annuelles des frais de scolarité si­tuées entre 4 % et 8 %.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (élément de l’Ontario) soutient que le gouver­ne­ment mise beaucoup trop sur l’« approche associant niveau élevé des frais de scolarité et niveau d’endettement élevé » pour financer le système d’éducation supérieure. Selon la fédération, une telle majoration fera s’enliser davantage les étudiants dans l’endettement et haussera les frais d’utilisation d’un autre 8 % à 16 % sur deux ans.

Ainsi, l’étudiant diplômé moyen accumulera dorénavant une dette de 29 200 $, indique la présidente de la FCÉÉ-Ontario, Shelley Melanson.

« L’écart entre l’Ontario et le reste du Canada pour ce qui est du coût des études continuera de s’élargir, déjà que l’Ontario est la province où le coût d’obtention d’un diplôme est le plus élevé », ajoute-t-elle.

Manitoba

Suivant tous les indicateurs, le budget 2010-2011 du Manitoba aurait dû prévoir des augmentations raisonnables des crédits à l’éducation supérieure. En matière de financement provincial au titre de l’éducation postsecondaire, le Manitoba traîne derrière la plupart des autres provinces; il a toutefois obtenu d’excellents résultats éco­nomiques; le gouvernement fédé­ral n’a pas, comme on le craignait, fait de coupes dans ses transferts de fonds.

Malgré tout, le gouvernement provincial a annoncé dans son budget du 23 mars une augmentation de 4,5 % seulement des fonds de fonctionnement destinés aux établissements postsecondaires, comparativement à 6 % l’année précédente.

Le président de l’association du personnel académique de l’Université du Manitoba, Brad McKenzie, estime que la situation est « bien pire » pour les universités.

« Le fait est que le budget de fonctionnement global de l’Université du Manitoba n’a augmenté que de 2 % », explique-t-il. « Un montant de 848 000 $ a été affecté précisément à des travaux d’agrandissement au sein de la faculté de médecine, et un montant de 208 000 $ est alloué au programme international de génie de la facul­té d’éducation. »

« L’augmentation totale des crédits attribués à l’Université du Manitoba se chiffre à environ 2,5 %, soit seulement 55 % environ de ce qui aurait dû être sa juste part de l’augmentation annoncée. »

Selon le président de la Manitoba Organization of Faculty Associations, Ian Clark, « le gouvernement a donné dans son exposé budgétaire une idée trompeuse du financement accordé aux universités ».

En outre, le budget permet aux collèges de hausser les frais de scolarité de 150 $ et aux universités, de 5 %, mais exclut les programmes professionnels, telles la dentisterie et la gestion, où sont proposées des augmentations de 40 % à 55 %.

Les augmentations démesurées que subiront les droits de scolarité et les autres frais dans certaines facultés professionnelles constitue­ront un obstacle majeur pour bon nombre des étudiants que ces écoles devraient chercher à recruter, croit M. McKenzie.

« La majoration substantielle des frais de scolarité n’est certainement pas la solution au problème alors que le sous-financement est en train de compromettre l’accessibilité aux études supérieures », observe-il.

Le budget permettra dorénavant aux étudiants d’avoir accès à une partie du remboursement de l’impôt sur le revenu pour les frais de scolarité pendant qu’ils poursuivent leurs études.

Saskatchewan

Dans son exposé budgétaire du 24 mars, le gouvernement de la Saskatchewan affirme investir des montants considérables dans l’éducation en augmentant de 5 % les fonds de fonctionnement destinés aux universités et aux collèges. Les frais de scolarité pourront être majorés d’un pourcentage égal, alors que le budget alloue 97,7 millions de dollars supplémentaires au programme d’aide financière aux étudiants en vue d’atténuer l’impact de la hausse des frais.

Le budget prévoit aussi 7,9 millions de dollars pour améliorer le système d’enseignement médical, dont un nombre accru de places de stagiaire en soins infirmiers et en soins médicaux, de même qu’un million de dollars en nouveaux fonds de financement pour le Centre canadien de rayonnement synchrotron établi à l’Université de la Saskatchewan.