« Il s'agit là, à mon avis, des effets de la syndicalisation. » – Penni Stewart, présidente de l'ACPPU
L'écart salarial entre professeurs et professeures s’est rétréci considérablement au Canada, constate un récent
rapport de l’ACPPU.
Selon les données compilées, l’écart salarial global entre hommes et femmes, qui était de près de 19 % en 1986, a été ramené à un peu moins de 11 % en 2006. Une fois tenu compte du rang professoral et de l’âge, l’écart est pratiquement inexistant chez les chargés de cours et tombe en dessous de 4,5 % chez les professeurs des autres rangs.
« Il s’agit là, à mon avis, d’un véritable progrès attribuable en grande partie à la syndicalisation du personnel académique », se félicite la présidente de l’ACPPU, Penni Stewart. « L’écart demeure plus important dans bon nombre d’autres secteurs où la syndicalisation est moins marquée. »
Lorsque l’on tient compte de l’âge, les données de 2006 montrent que les professeures adjointes, les professeures agrégées et les professeures titulaires gagnaient respectivement 96,1 %, 96,9 % et 95,5 % de ce que touchaient leurs homologues masculins. Quant aux chargées de cours, elles gagnaient 99,1 % du salaire moyen des hommes.
Ces résultats correspondent aux conclusions des études antérieures selon lesquelles les différences entre les disciplines ne sont pratiquement pas en cause dans l’écart salarial total, à peine 1 % de celui-ci leur étant attribuable en moyenne.
L’étude permet de penser que, s’il existe certes une discrimination manifeste, ce sont probablement les structures salariales et les procédures universitaires qu’il faut pointer du doigt, car elles désavantagent les femmes dans l’ensemble : les différences dans les salaires de départ, les suppléments concurrentiels et les primes au mérite, ainsi que les conséquences des interruptions de carrière.
« Il nous faut trouver de meilleurs moyens de corriger chacun de ces facteurs afin d’assurer une plus grande équité entre les sexes », soutient Mme Stewart.
La principale limite de l’étude tient au fait que les données disponibles ne dégagent pas de variables importantes, essentielles pour brosser un tableau complet de la répartition des salaires chez tous les membres du personnel académique.
« L’enquête de Statistique Canada sur laquelle s’appuie l’étude de l’ACPPU ne fournit aucune donnée sur les facteurs démographiques clés », observe le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « Ce qui nous empêche de déterminer dans quelle mesure, comme il est ailleurs montré, les membres du personnel académique racialisés, autochtones ou ayant un handicap gagnent beaucoup moins que leurs autres collègues. »
C’est pourquoi, dit-il, l’ACPPU continue de presser Statistique Canada d’intégrer des données démographiques complètes dans son enquête sur le personnel enseignant travaillant dans les universités et les collèges canadiens.