La récente annonce des subventions accordées par les organismes subventionnaires fédéraux a suscité la déception au sein du milieu de la recherche canadien.
« Malgré l’indignation manifestée face à l’état général du financement de la recherche, les taux de succès aux programmes de subventions n’ont pas cessé de reculer au cours de la dernière décennie », déplore le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « Les résultats en disent long sur les difficultés que l’insuffisance des fonds de recherche pose aux conseils subventionnaires. »
Pour une seconde année consécutive, le taux de succès global de 58 % au Programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) demeure extrêmement faible, provoquant ainsi un début d’inquiétude chez les chercheurs, signale M. Turk.
Bien que le nombre des titulaires de subventions à la découverte du CRSNG ait augmenté légèrement de 2010 à 2011, passant de 1 940 à 2 002, le montant moyen des subventions a baissé d’environ 900 $ au cours de cet intervalle, passant de 33 129 $ à 32 186 $.
Après avoir atteint un creux inégalé de 33 % en 2009, le taux de succès au programme-cadre de subventions ordinaires de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a grimpé à 37 % au cours de la dernière année, quoique en contrepartie de cette amélioration, les subventions accordées soient de moindre importance.
Le montant moyen des fonds de recherche octroyés aux candidats a chuté de près de 20 % depuis 2004, atteignant le niveau record de quelque 90 000 $ pour ensuite régresser à 83 000 $ en 2009, puis à 73 000 $ en 2011.1
Le CRSH affirme qu’il ne dispose pas des fonds suffisants pour financer plus du quart des demandes de subvention qui, d’après les comités de pairs, mériteraient de l’être.
Quant aux Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), ils enregistrent le taux de succès le plus bas des trois organismes subventionnaires, le pourcentage des candidats retenus dans le cadre du concours de subventions de fonctionnement 2010-2011 s’établissant à seulement 23 % alors qu’il avoisinait les 30 % les années précédentes.
Compte tenu de l’enveloppe des subventions de fonctionnement dont ils disposaient, les IRSC n’ont pu financer que 501 des 1 475 demandes de subvention approuvées.
Plus de 1 900 chercheurs en santé ont déjà signé une pétition pour protester contre les très faibles taux de succès au concours de subventions des IRSC et dénoncer le fait qu’un nombre considérable d’excellentes propositions demeurent sans financement.
La pétition prévient que « si le Canada continue de sabrer dans le financement des subventions, nos chercheurs de talent n’auront pas d’autre choix que de se tourner vers d’autres pays pour y trouver un avenir plus prometteur. Et ceux qui restent au Canada seront vulnérables aux risques d’annulation des crédits d’engagement non utilisés, ce qui pourrait compromettre leur compétitivité, voire mettre en péril leur carrière. »
La situation au Canada, fait valoir M. Turk, contraste fortement avec celle des États-Unis où le gouvernement Obama a injecté des milliards de dollars dans la National Science Foundation et les National Institutes of Health.
« Le positionnement à contre-courant adopté ici est tout ce qu’il y a de plus préjudiciable pour les chercheurs actuels et aussi pour la prochaine génération de chercheurs canadiens de haut niveau », soutient M. Turk.
« Il est essentiel que le gouvernement fédéral augmente sensiblement son soutien financier à ses conseils subventionnaires afin que ceux-ci soient en mesure de financer la recherche fondamentale dont notre avenir est tributaire. »
1Les subventions du CRSH sont accordées sur trois ans.