Les coupes claires dans le financement et le niveau élevé des droits de scolarité faussent les règles d’admission des universités américaines.
Les responsables des admissions reconnaissent l’émergence d’un « choc des valeurs » dans les campus américains face à la tendance de plus en plus marquée chez les agents de recrutement à privilégier les étudiants à plus faible rendement scolaire qui n’ont pas besoin d’aide financière ou qui sont en mesure de payer des frais de scolarité plus élevés, au détriment des candidats à revenu modeste qui ont des notes supérieures.
Selon une enquête publiée le 21 septembre et menée par Inside Higher Ed auprès de 462 responsables principaux des admissions, ces derniers recherchent plus que jamais des « étudiants en moyens » et s’éloignent de la rigueur académique associée à la sélection des candidats.
Parmi tous les secteurs de l’enseignement supérieur, les étudiants étrangers et des autres États américains sont maintenant vigoureusement recrutés parce qu’ils payent des frais de scolarité plus élevés. L’enquête montre qu’un très fort pourcentage de directeurs des admissions considèrent le recrutement d’un plus grand nombre d’étudiants dans les autres États comme une stratégie clé (53 % dans les programmes de doctorat et de maîtrise des établissements publics) et conviennent que les démarches de recrutement menées à l’extérieur des États-Unis visent principalement, dans bien des cas, les étudiants en mesure de payer l’intégralité des frais.
Cela veut donc dire que les écoles embauchent ou sont en voie d’embaucher des agents, le plus souvent rémunérés en partie à la commission, pour recruter des étudiants étrangers, même si la plupart des répondants à l’enquête disent s’opposer à une telle pratique.
Pour Lloyd Thacker, directeur général de l’Education Conservancy — un organisme sans but lucratif fondé pour améliorer le processus des admissions dans les collèges —, le changement des valeurs adoptées par les directeurs et les agents responsables des admissions à l’avantage des candidats nantis plutôt que méritoires est un sujet de préoccupation.
« Nous devons nous demander pourquoi nous agissons ainsi. Et si nous ne pouvons pas répondre à cette question, il ne nous reste plus qu’à aller vendre des voitures », a-t-il dit à Inside Higher Ed.
Si le recours à des agents rémunérés à la commission pour recruter des étudiants étrangers est interdit aux États-Unis par une loi fédérale, celle-ci ne s’applique pas au recrutement pratiqué à l’étranger.
L’enquête révèle par ailleurs qu’un grand nombre d’agents chargés des admission affirment subir des pressions de la part des cadres supérieurs, des administrateurs, des agents de développement et des grands donateurs pour admettre des étudiants ayant un rendement scolaire inférieur et des résultats moins élevés aux tests, dont des athlètes et des enfants d’anciens diplômés.
« Le processus d’admission doit miser avant tout sur l’intérêt manifesté par une personne et son talent, et non pas sur la taille de son portefeuille », remarque le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « L’intégrité académique est mise en péril dès que les responsables des admissions perdent de vue cette importante réalité. »