Dans une récente chronique, j’ai évoqué la tourmente consécutive aux transformations néo-libérales des paysages économique, social et politique qui secoue le secteur de l’éducation postsecondaire au Canada. De même, j’ai dénoncé, dans le numéro du mois dernier, les coups portés contre les bibliothécaires académiques par les gestionnaires « petits comptables » qui exploitent la technologie à mauvais escient pour réaliser des économies et justifier la déqualification et la décomposition généralisées du travail des bibliothécaires.
Pour faire face à ces défis ainsi qu’à d’autres, les associations de personnel académique doivent envisager la meilleure façon de mobiliser leurs membres à long terme. Essentiellement, nous devons nous élever au-delà de nos conventions collectives pour engager la participation d’un plus grand nombre de nos membres. L’affirmation d’un soutien massif à nos associations s’articule forcément autour des intérêts personnels et des domaines d’expertise des membres en place.
Dans cette optique, je veux souligner le travail que l’ACPPU accomplit sur la scène internationale. Les enjeux et les menaces auxquels nous sommes confrontés à l’échelle locale sont bien souvent des manifestations de profondes tendances mondiales. Au travers de ses actions à l’international, l’ACPPU réussit à s’adapter avec le plus d’efficacité possible à l’environnement en constante évolution du secteur de l’éducation postsecondaire et à mieux aider ses associations locales à faire de même. Le travail de coopération internationale contribue à la mobilisation des membres et au renforcement de leur engagement.
Chaque association compte sans aucun doute des membres parfaitement rompus à l’action internationale. Mais, malheureusement, comme bon nombre de ces personnes n’envisagent souvent le travail de leur association que sous l’angle de la négociation et du règlement des griefs, elles ne voient guère de raison de s’engager dans des activités qui ne correspondent pas à leurs propres intérêts et expertise. Par le biais du travail à l’international, les associations peuvent créer des occasions de mettre à profit l’apport de ces collègues et d’édifier une base plus solide à plus grande échelle.
L’adhésion de l’ACPPU à l’Internationale de l’Éducation rend possible une grande partie de ses activités internationales, cet organisme lui permettant d’entretenir des liens étroits avec des associations nationales de personnel académique dans le monde entier. L’ACPPU joue par ailleurs un rôle influent dans les processus d’élaboration des politiques de l’IE, comme en témoigne l’adoption unanime du projet de résolution de l’ACPPU sur le droit d’auteur lors du récent congrès mondial de l’IE.
Nous nous intéressons aussi de près aux négociations des accords de commerce internationaux parce que les services éducatifs sont considérés par les partisans du libre-échange comme un produit échangeable de valeur. À ce chapitre, l’ACPPU fait pression auprès du gouvernement fédéral pour veiller à ce que nos dirigeants politiques ne prennent, ni ne cherchent à prendre, aucun engagement à l’égard des services d’éducation, et elle travaille de concert avec ses homologues des États-Unis, de l’Europe et du Sud à sensibiliser la communauté internationale à ce sujet. Grâce au travail de son directeur général associé, David Robinson, l’ACPPU joue un rôle de premier plan dans les pourparlers de l’Organisation mondiale du commerce et les réunions de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
L’ACPPU continue, par ses actions de solidarité internationale, à défendre d’une voix forte et crédible la liberté académique, les droits humains, les libertés civiles et les droits syndicaux. Elle ne saurait fermer les yeux sur les violations de ces principes. Ses expressions de soutien aux personnes et aux groupes en danger, tout comme ses lettres de protestation contre les abus, sont indispensables pour la protection de nos propres droits ici même au pays.
L’ACPPU a également élaboré et conclu avec ses pendants de plusieurs pays des ententes de réciprocité qui protègent les membres du personnel académique invités dans des établissements d’enseignement supérieur en leur garantissant les mêmes droits qui sont dévolus à tous les autres membres du personnel dans le pays hôte.
Ces actions et d’autres initiatives menées sur la scène internationale continuent de représenter d’importants engagements pour l’ACPPU et ses associations membres. Le Comité de direction de l’ACPPU a entamé une réflexion sur la manière dont il serait possible d’intensifier son travail sur ce plan. Lors de l’assemblée du Conseil en novembre 2010, l’ACPPU a adopté des lignes directrices régissant la coopération internationale. Selon le principe directeur qui les sous-tend, le travail de coopération internationale sous toutes ses formes devrait renforcer la capacité des syndicats du secteur de l’éducation postsecondaire à promouvoir les intérêts économiques, sociaux et politiques de leurs membres. Suivant une consigne donnée par le Conseil, le Comité de direction examine actuellement deux démarches possibles pour élargir ses efforts de coopération internationale.
D’une part, dans la foulée de l’entente de réciprocité conclue récemment avec l’Association nationale des enseignants diplômés du Ghana, l’ACPPU étudie la possibilité de travailler avec cette association au renforcement de sa mission et de sa position. Pour ce faire, l’ACPPU pourrait notamment l’aider dans la conception d’un programme de formation en leadership et l’élaboration d’une stratégie de syndicalisation pour recruter davantage de membres.
D’autre part, la Fédération des syndicats des professeurs et employés des universités palestiniennes a demandé à l’ACPPU de lui fournir aide et conseils sur la création d’un secrétariat chargé de la gestion des affaires courantes du syndicat, sur la mise en oeuvre d’une stratégie de formation et de sensibilisation de ses membres à leurs droits, ainsi que sur l’établissement d’un plan de communication pour améliorer ses relations avec ses membres. Cette initiative fait suite au
rapport de 2010 publié conjointement par l’Internationale de l’Éducation et l’ACPPU au sujet de la condition du personnel enseignant de l’éducation supérieure en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Nous pouvons être fiers de la renommée et de la crédibilité dont l’ACPPU jouit à l’échelle internationale. Les associations de personnel académique partout dans le monde reconnaissent l’ACPPU comme un grand défenseur de l’avancement de l’enseignement supérieur et des droits de ses employés. Sans compter qu’en travaillant au renforcement des capacités des syndicaux du secteur de l’éducation postsecondaire dans d’autres pays, nous offrons à nos associations locales des occasions de susciter la participation de membres qui ne se sont jamais auparavant engagés dans les activités de leurs associations.
Des occasions comme celles-là se présentent dans tous les points du globe et offrent la possibilité de mettre à contribution les intérêts et les compétences de nos membres sur les plans économique, social et politique. Ce faisant, nous augmentons les capacités des syndicats de l’enseignement postsecondaire dans le monde entier tout en élargissant la base de soutien sur laquelle nos associations locales peuvent compter au pays.