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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

décembre 2011

Royaume-Uni : succès du débrayage massif lancé par les syndicats

Les étudiants ont participé avec les grévistes du syndicat britannique UCU au mouvement de débrayage. (FIFE Free Press group)
Les étudiants ont participé avec les grévistes du syndicat britannique UCU au mouvement de débrayage. (FIFE Free Press group)
Deux millions de travailleurs du secteur public au Royaume-Uni ont déclenché, ce 30 novembre 2011, une grève historique de 24 heures pour dénoncer les plans d’austérité du gouvernement et les réductions de leurs prestations de retraite.

Les amphithéâtres, laboratoires et bibliothèques des campus dans tout le pays sont restés vides pendant que les membres du syndicat britannique University and College Union (UCU) prenaient part au mouvement massif de grève.

Les membres du personnel académique, explique la secrétaire générale de l’UCU, Sally Hunt, sont furieux qu’on leur demande de travailler plus longtemps et de cotiser davantage à des pensions qui se dégradent.

« Si les enseignants sont loin de l’image de militants irresponsables véhiculée par le gouvernement, ils ne renonceront pas pour autant à se battre pour sauver leurs pensions », a-t-elle déclaré. « La grève demeure un moyen de pression de dernier recours, et nous continuerons à prendre les mesures nécessaires pour parvenir à un règlement négocié. »

Dans le cadre de son programme d’austérité fort contesté, le gouvernement de coalition conservateur-libéral démocrate impose des restrictions salariales aux travailleurs du secteur public tout en relevant leurs cotisations au régime de pension ainsi que l’âge du départ à la retraite. Il entend également apporter des changements à la méthode de calcul des prestations de retraite, qui auraient pour conséquence, selon les syndicats du secteur public, d’en réduire la valeur de 15 %.

Alors que le gouvernement britannique répète à l’envi que les régimes de retraite actuels du secteur public sont trop coûteux, Mme Hunt rappelle qu’un rapport du National Audit Office (bureau national des vérifications) publié l’an dernier en a montré la viabilité.

Et contrairement aux affirmations voulant que les membres du corps professoral soient assurés d’une pension extrêmement généreuse, ajoute-t-elle, la pension moyenne d’un chargé de cours affecté à la formation complémentaire s’établit à 9 000 £ (14 400 $), tandis qu’un chargé de cours de l’enseignement supérieur touche en moyenne des prestations de 11 400 £ (18 320 $) seulement.

« C’est une bagatelle par rapport aux pensions des députés et des dirigeants d’entreprise », souligne Mme Hunt.

Outre les universités et les collèges, la grève a paralysé les écoles, les hôpitaux, les tribunaux, le transport en commun et les services gouvernementaux. Près du quart des fonctionnaires du Royaume-Uni ont répondu à l’appel au débrayage, y compris le personnel du cabinet du Premier ministre David Cameron.

Selon le secrétaire général du Trades Union Congress (congrès des syndicats britanniques), Brendan Barber, cette grève s’imposait parce que le secteur public est menacé de toutes parts par le gouvernement.

« Il arrive un moment où les gens doivent agir pour défendre leur position », a-t-il fait valoir lors d’une entrevue télévisée. « Compte tenu de l’ampleur de la réforme que le gouvernement tente de faire adopter de force afin de faire travailler les gens beaucoup plus longtemps en leur donnant beaucoup moins, nous n’avons pas d’autre choix. »

Les dirigeants syndicaux se sont félicités de ce mouvement de solidarité qu’ils décrivent comme le plus important moyen d’action collec­tive depuis 1979, qui s’était caractérisé par de nombreux arrêts de travail dans l’ensemble du pays.