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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

janvier 2012

Une nouvelle loi de la Saskatchewan autorise l’accréditation d’universités privées

(Johanna Goodyear/SHUTTERSTOCK.com)
(Johanna Goodyear/SHUTTERSTOCK.com)
La Saskatchewan est la dernière province à ce jour à étendre à des collèges publics l’habilitation à conférer des grades universitaires et à autoriser l’accréditation d’universités privées.
     
À l’instar des lois adoptées en Ontario, en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick, la Degree Authorization Act (loi sur l’attribution de grades universitaires) de la Saskatchewan prévoit la mise sur pied d’un organe de surveillance de l’assurance de la qualité chargé, d’une part, de déterminer s’il convient d’accorder une habilitation et, d’autre part, de mener des examens et des évaluations périodiques des programmes d’études dispensés.
     
En plus de préciser les conditions d’utilisation des termes « university » et « varsity », la loi dispose que les établissements d’enseignement doivent être soit physiquement présents dans la province, soit autorisés à offrir des programmes d’enseignement à distance.
     
« L’objet principal de cette mesure législative est d’accroître l’accès aux études postsecondaires », a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur, Rob Norris, au Star Phoenix de Saskatoon. « Globalement, toutefois, il importe de mettre en oeuvre un processus d’assurance de la qualité robuste et soutenu qui puisse garantir que la grande valeur des diplômes que les gens sont habitués à trouver en Saskatchewan depuis un siècle ne sera compromise d’aucune façon. »
     
Si la nouvelle loi permet dorénavant à des collèges tels que le Saskatchewan Institute of Applied Science and Technology de proposer des programmes conférant des grades universitaires, elle ouvre par le fait même la voie à des établissements éducatifs à but lucratif.
     
Or, le bilan des universités à vocation commerciale dans les autres provinces est entaché de controverses et de scandales, fait valoir le directeur général de l’ACPPU, James Turk.

On se rappellera qu’en 2010 le gouvernement du Nouveau-Brunswick avait mis fin aux activités de l’université privée Lansbridge après que celle-ci eut échoué à plusieurs évaluations institutionnelles. Trois années auparavant, la Colombie-Britannique avait de son côté ordonné la fermeture de cette même université et celle du collège Kingston pour avoir promis à tort des grades, fourni des renseignements trompeurs au gouvernement et exposé les étudiants à des risques financiers.
     
Deux autres universités à but lucratif ont fermé leurs portes l’an dernier. L’Université Meritus, filiale du géant américain de l’éducation Apollo Group, a invoqué le faible nombre d’inscriptions comme motif d’abandon de ses cours offerts à distance au Nouveau-Brunswick. L’établissement commercial University Canada West basé à Victoria a soulevé l’indignation des étudiants lorsqu’il a annoncé subitement sa fermeture pour des « raisons d’affaires » après la date limite de règlement des frais de scolarité en janvier 2011.
     
En Colombie-Britannique, le taux de défaut de paiement des prêts d’études à l’University Canada West s’élevait à 20 % en 2010, un pourcentage de plus de six fois supérieur à celui de l’Université de la Colombie-Britannique (3,2 %) et de près de cinq fois supérieur à celui de l’Université de Victoria (4,2 %).
     
« Les expériences observées au Canada ces dix dernières années nous apportent aujourd’hui les preuves irréfutables que les établissements à but lucratif conférant des grades entravent la prestation de programmes d’études postsec­ondaires abordables et de grande qualité », souligne M. Turk.
     
« La meilleure façon d’accroître l’accès des étudiants de la Saskatchewan, comme ailleurs au Canada, c’est d’assurer un financement suffisant aux universités et aux collèges publics. »