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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2012

La réforme britannique de l’éducation supérieure est mise en veilleuse

Le gouvernement britannique a mis en veilleuse son projet controversé de réforme du secteur universitaire - mais les universités privées pourraient néanmoins se faufiler. (Monika Pa / Shutterstock.com)
Le gouvernement britannique a mis en veilleuse son projet controversé de réforme du secteur universitaire - mais les universités privées pourraient néanmoins se faufiler. (Monika Pa / Shutterstock.com)
Le gouvernement du Royaume-Uni a renoncé à adopter une nouvelle loi controversée qui aurait facilité la constitution d’uni­versités et de collèges privés — y compris d’établissements à but lucratif — habilités à délivrer des diplômes.

Le ministre responsable des universités, David Willetts, a fait valoir que la loi aurait favorisé la concurrence et l’innovation. Les détrac­teurs de la législation, dont bon nombre font partie du gouvernement de coalition, estiment pour leur part qu’à la lumière du bilan lamentable des établissements d’enseignement à but lucratif aux États-Unis, il y a lieu de croire que les changements entraîneraient une hausse des coûts et une baisse de la qualité.

Le syndicat britannique University and College Union (UCU) a bien accueilli la nouvelle de la suspension des plans de réforme du système universitaire.

« Les initiatives visant à donner aux entreprises privées les moyens d’obtenir une part encore plus gran­de des impôts payés par les con­tribu­ables auraient eu pour effet d’enri­chir celles-ci au détriment des contribuables britanniques », a affirmé Sally Hunt, secrétaire générale de l’UCU. « Aux États-Unis, des universités et des collèges à but lucratif ont fait l’objet d’enquêtes pour avoir fait des repré­sentations trompeuses à des étudiants vulnérables et à leurs familles. Nous n’avions certainement pas besoin de cela ici, alors que nos étudiants s’adaptent péniblement au nouveau régime de droits de scolarité. »

À l’heure actuelle, on ne compte que deux universités privées en Angleterre — BPP, propriété du géant américain Apollo, et Buckingham. Le gouvernement avait espéré que le triplement des droits de scolarité et la mise en place d’une procédure d’habilitation plus rapide des nouveaux établissements à délivrer des diplômes auraient contribué à augmenter ce nombre.

Dans une édition récente du journal The Guardian, le président du National Union of Students, Liam Burns, a prévenu que, même s’il a apparemment retiré son projet de loi sur l’éducation supérieure, le gouvernement de coalition dirigé par les conservateurs demeure résolu à privatiser le secteur.

« Bon nombre des propositions les plus néfastes contenues dans le livre blanc du gouvernement peuvent maintenant devenir réalité en catimini, sans avoir reçu l’aval de la Chambre des communes et de la Chambre des lords », d’affirmer M. Burns. « Considérons, par exemple, les établissements privés à but lucratif. Le ministre Willetts a déjà enclenché le processus en donnant aux universités privées accès à des prêts garantis par l’État à hauteur de 6 000 £, leur permettant ainsi de ramasser les profits grâce à l’argent des contribuables alors que des établissements existants mandatés par des intérêts commerciaux peuvent déjà décerner des diplômes. »