Des milliers de cégépiens et étudiants universitaires ont déserté leurs cours au Québec dans l'espoir de forcer le gouvernement provincial à revenir sur sa décision d'augmenter les frais de scolarité de 1 625 $ sur cinq ans. [Kunal Shah]
Plus de 100 000 étudiants québécois ont débrayé et déserté les cours en guise de protestation contre la hausse prévue des frais de scolarité de 75 %.
« Nous nous mobilisons contre la hausse des frais de scolarité, car celle-ci aura des impacts néfastes sur toute la société », a déclaré la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins.
Le gouvernement de Jean Charest se montre inflexible sur sa décision d’augmenter les frais de
1 625 $ sur les cinq prochaines années, qui s’inscrit dans le cadre de son plan général visant à augmenter le financement des universités de la province.
Les partisans de la grève soutiennent que la hausse aura pour effet d’obliger les étudiants à abandonner leurs études, mais ils se disent confiants que les pressions politiques exercées contre le gouvernement conduiront celui-ci à revenir sur sa décision.
La ministre de l’Éducation Line Beauchamp a demandé aux professeurs confrontés à la grève dans leurs établissements de continuer à donner leurs cours pour les étudiants qui ne participent pas au mouvement de contestation.
Selon Mme Desjardins, la directive de la ministre instaure un climat de tension et de confrontation sur les campus en poussant les administrations à intervenir dans les grèves déclenchées au sein de leurs établissements. Les dirigeants ont d’ailleurs prévenu que si la session en cours devait être annulée à cause du débrayage, les cégeps et les universités auraient à faire face à l’arrivée d’une double cohorte d’étudiants à l’automne de 2012.
Les étudiants promettent de poursuivre et d’intensifier leurs actions dans la foulée desquelles les associations étudiantes seront de plus en plus nombreuses à organiser des votes de grève au cours des jours qui précéderont la tenue d’une manifestation monstre à Montréal à la fin mars, au moment où le gouvernement du Québec déposera son prochain budget.
Les étudiants partout au pays sont solidaires de leurs collègues québécois, assure Roxanne Dubois, la présidente de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants.
« Les frais de scolarité sont beaucoup trop élevés au Canada, ce qui représente le plus important obstacle empêchant les jeunes d’entreprendre des études postsecondaires », affirme Mme Dubois. « Le Québec ne devrait pas suivre l’exemple des autres provinces qui n’ont pas réussi à offrir une éducation accessible. Le Québec devrait plutôt investir dans son système exemplaire, pour qu’il demeure accessible. »
Depuis 1968, huit grèves étudiantes générales ont eu lieu au Québec, parmi lesquelles sept ont mené à des résultats concluants.
La plus grande mobilisation étudiante de l’histoire de la province s’est tenue en février et mars 2005 lorsque le gouvernement Charest a réformé le programme d’aide financière aux étudiants en convertissant 103 millions de dollars de bourses en prêts. Les fédérations des associations étudiantes des cégeps et des universités avaient alors appelé à une grève générale, et au plus fort du mouvement quelque 230 000 étudiants, soit plus de la moitié de la population étudiante du Québec, avaient boycotté leurs cours. Face à l’escalade du conflit, le gouvernement avait fini par rétablir les fonds accordés en bourses.
Cette fois-ci, il y a près de deux ans qu’a été amorcée à l’échelle de la province la campagne de mobilisation sur le gel des frais de scolarité, et les étudiants sont déterminés à se battre jusqu’au bout pour obtenir entièrement gain de cause, a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante.
« Le gouvernement libéral a adopté une attitude semblable en 2005 pour finalement faire marche arrière après la grève générale des étudiants », a-t-il souligné dans une entrevue donnée au Globe and Mail. « Nous croyons qu’à terme nous ferons reculer le gouvernement encore une fois. »