Le mois dernier, le conseil d’administration de l’Université NSCAD a suscité une vive réaction au sein du personnel académique et des étudiants de l’établissement d’enseignement des beaux arts créé il y a 125 ans en rendant public un plan de redressement en deux points, à savoir la réduction de l’effectif de professeurs et la hausse des droits de scolarité.
Après la publication d’un énième rapport externe, le gouvernement néo-écossais a sauvé l’Université NSCAD du naufrage l’an dernier en lui accordant un financement de 2,4 millions de dollars, en échange, toutefois, d’un engagement à explorer des pistes de collaboration avec d’autres établissements d’enseignement et à mettre au point un plan financier viable.
Le conseil d’administration a honoré cet engagement en soumettant un plan à l’étude du ministère provincial du Travail et de l’Éducation postsecondaire. Il propose d’abolir 26 des 150 postes actuels à l’Université en conjuguant un programme de licenciement et des mesures d’incitation à la retraite. Par ailleurs, les quelque 1 000 étudiants de l’Université NSCAD feraient face à une augmentation de 3 % des droits de scolarité et à toute une panoplie de frais et d’« ajustements » supplémentaires, pour rétablir l’équilibre entre leur contribution et les « moyennes provinciales ».
On ignore encore quelle sera la répartition des compressions de personnel entre, d’une part, le corps professoral et, d’autre part, les préposés au soutien administratif et à l’entretien, membres du Syndicat de la fonction publique et des employés généraux de la Nouvelle-Écosse.
Alvin Comiter, président du syndicat des professeurs de l’Université NSCAD, estime que ce plan « fait peser une menace à peine voilée sur nos programmes et nos emplois » et déclare que les victimes potentielles se sentent trahies.
« Que ce soit dans les assemblées publiques ou les réunions à huis clos, les représentants du conseil nous ont répété à satiété que si les employés acceptaient de faire eux aussi des sacrifices, il ne serait pas nécessaire de faire des compressions verticales et des licenciements. Le plan fait état d’une orientation tout à fait contraire en prônant l’élimination permanente d’employés, dont des professeurs, et le relèvement marqué des frais des étudiants », a soutenu le syndicat dans une déclaration écrite.
Le gouvernement provincial n’a pas encore fait connaître sa position à l’égard du plan présenté. Par ailleurs, le conseil d’administration a affirmé que des discussions « officieuses » étaient en cours avec les universités Dalhousie et Saint Mary’s pour évaluer les possibilités de collaboration entre les établissements.
En 2010, dans un rapport commandé par le gouvernement, le consultant Tim O’Neill décrivait l’Université NSCAD comme une institution en crise qui devait, soit faire l’objet d’une réorganisation interne, soit être fusionnée avec un autre établissement. L’établissement d’enseignement était aux prises avec un déficit croissant résultant de ses projets d’expansion dans le port de Halifax en 2007.
Le même rapport O’Neill préconisait aussi la fusion du Collège agricole de la Nouvelle-Écosse et de l’Université Dalhousie. La province vient de donner son aval à ce partenariat, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain.
Ainsi, le Collège créé il y a 107 ans et situé dans le district électoral de Truro-Bible Hill perdra son statut d’établissement autonome et se joindra aux autres facultés de l’Université Dalhousie, quoique sur un campus distinct. Dans un communiqué, le gouvernement a précisé que tous les employés du Collège, qui sont aujourd’hui représentés par le Syndicat de la fonction publique et des employés généraux de la Nouvelle-Écosse, seront intégrés à l’effectif de l’Université Dalhousie, mais seront régis par la même convention collective qu’auparavant et continueront de participer au régime de retraite de la fonction publique provinciale. Les prochaines négociations collectives se feront avec l’Université Dalhousie.
Anthony Stewart, président de l’association du personnel académique (DFA) de l’Université Dalhousie, déclare que la fusion est un dossier complexe. « Nous supposons que le gouvernement est de bonne foi lorsqu’il affirme que la fusion n’entraînera aucune perte d’emploi, du moins au sein du corps professoral. La situation du personnel administratif me préoccupe davantage », ajoute-t-il.
Les 66 professeurs du Collège deviendront vraisemblablement membres de la DFA. Cependant, les 228 autres employés du Collège qui ne font pas partie du personnel enseignant et qui sont considérés comme des fonctionnaires pourraient perdre certains de leurs avantages sociaux en changeant d’unité de négociation ou en occupant un poste non syndiqué à Dalhousie.
Les établissements visent à avoir achevé la fusion à temps pour le trimestre d’automne, mais ils n’ont toujours pas réglé certains irritants financiers qui pourraient faire déraper le projet, selon M. Stewart.
« Fusion, absorption, quel que soit le nom que l’on donne à cette opération, il reste beaucoup de pain sur la planche pour intégrer le corps professoral à la DFA, ne serait-ce que pour rapprocher les régimes de retraite et de rémunération. J’espère sincèrement que tous les ajustements profiteront à l’ensemble des parties. C’est la logistique qui causera bien des maux de tête », a-t-il déclaré.