La réforme du programme d’assurance-emploi annoncée le mois dernier par la ministre fédérale des Ressources humaines, Diane Finlay, est une très mauvaise nouvelle pour les membres du personnel académique contractuel qui reçoivent des prestations d’assurance-emploi entre deux contrats.
Dorénavant, les prestataires seront classés en fonction de la durée des prestations reçues et de la fréquence des demandes de prestations.
Les contractuels académiques ont couramment recours aux prestations d’assurance-emploi pendant l’été. En vertu des nouvelles règles du jeu, ils seraient vraisemblablement considérés comme des « prestataires fréquents », et ainsi obligés d’accepter un emploi convenable, « semblable » à leur emploi habituel, au salaire proposé s’il représente au moins 80 % de leur salaire précédent. Après avoir touché des prestations pendant six semaines, ils devront accepter tout travail pour lequel ils sont qualifiés, contre un salaire d’au moins 70 % de leur salaire précédent.
« Ces changements sont une source de tension de plus pour des personnes dont les conditions de travail sont déjà loin d’être idéales », déclare Leslie Jermyn, professeure d’anthropologie à l’Université York et présidente du Comité du personnel académique contractuel de l’ACPPU.
« Les chargés de cours sont déjà moins bien payés, doivent souvent faire de longs trajets pour se rendre au travail, et n’ont même pas un bureau ou un classeur dans l’établissement d’enseignement », affirme-t-elle. « Ils se démènent sans compter pour trouver du travail, et même si de nombreux établissements ont étoffé leurs programmes d’été, il reste que la période de mai à août n’est pas aussi occupée. »
Selon elle, la nouvelle obligation d’accepter « tout » travail au terme de six semaines de prestations poussera les membres du personnel académique vers des emplois dans d’autres secteurs au sein de leur communauté, comme la vente au détail ou la restauration.
« Ils se transformeront en guichetiers à Wonderland cet été. Loin de moi l’idée de dénigrer ce travail, mais ne pourrait-on pas envisager une façon de mieux tirer parti de l’éducation supérieure de ces Canadiens, eux qui se débattent déjà simplement pour poursuivre une carrière précaire de professeur et de chercheur à temps partiel? »
La réforme proposée est censée entrer en vigueur au début de 2013.
Le personnel du programme d’assurance-emploi aura la tâche de déterminer ce qui constitue un emploi convenable pour telle ou telle personne. De prétendus « agents d’intégrité » surveilleront les chômeurs dans leur recherche d’un emploi et évalueront ensuite le degré de respect des critères.
Tous les prestataires d’assurance-emploi devront postuler des emplois, passer des entrevues, aller à des salons de l’emploi et assister à des ateliers de recherche d’emploi. Ils devront chercher un emploi chaque jour pendant la période où ils toucheront des prestations, et seront contraints de tenir un registre des démarches effectuées, sous peine de perdre leurs prestations.