Le nombre de postes et la rémunération au sein de nombreuses administrations universitaires de la Nouvelle-Écosse ont augmenté de façon disproportionnée — parfois outrancière — par rapport aux postes et à la rémunération des membres du corps professoral et du personnel de soutien durant une période où les établissements postsecondaires vivaient de lourdes contraintes budgétaires, selon un rapport publié récemment par l’Association of Nova Scotia University Teachers (ANSUT).
Le rapport de l’ANSUT, intitulé
A Culture of Entitlement, s’appuie sur des données recueillies en vertu de la législation sur l’accès à l’information auprès de huit universités de la province dont le corps professoral est représenté par l’association. Il révèle que les établissements visés ont collectivement accordé des hausses salariales de 27 % à leurs recteurs, vices-recteurs, vices-recteurs associés ou adjoints, doyens, directeurs et autres administrateurs de 2004-2005 à 2010-2011.
Les augmentations variaient grandement d’une université à l’autre. Parmi les taux d’augmentation les plus marqués, on compte des hausses salariales de 53 % à l’Université Nova Scotia College of Art and Design, de 77 % à l’Université St. Francis Xavier, et de 67 % à l’Université du Cap-Breton.
« C’est une tendance alarmante, puisque certaines de ces augmentations ont eu lieu parallèlement à
une réduction du financement gouvernemental aux universités et à la hausse des droits de scolarité payés par les étudiants », a déclaré Chris Ferns, président de l’ANSUT, qui attribue la hausse des coûts administratifs à la fois aux hausses salariales et à l’augmentation des effectifs chez les administrateurs.
En outre, cette flambée des coûts salariaux au sein des administrations universitaires s’est produite durant une période où les membres du corps professoral et du personnel de soutien n’ont reçu comparativement que de modestes augmentations de salaire, a ajouté M. Ferns.
Selon le rapport, le salaire moyen de l’ensemble des professeurs d’université a augmenté de 18 % de 2004-2005 à 2008-2009, tandis que les membres du Nova Scotia Government and General Employees Union qui travaillent dans les universités, y compris le personnel de soutien à l’Université du Cap-Breton, Dalhousie, St. FX, Saint Mary’s et Mount Saint Vincent, ont obtenu des hausses salariales annuelles de moins de 1 % à 4 % par année.
Les auteurs du rapport formulent une série de recommandations. Ils exhortent notamment le gouvernement provincial à adopter des règles qui limitent le pourcentage du budget qu’une université peut affecter aux dépenses administratives, y compris les salaires, et les frais de bureau et de déplacement. Ils recommandent aussi l’établissement de mécanismes de rapport uniformes qui permettent une plus grande transparence des finances universitaires, plus particulièrement dans les secteurs de l’enseignement et de la recherche.
Selon M. Ferns, la ministre du Travail et de l’Enseignement supérieur Marilyn More n’a pas encore réagi au rapport, mais l’ANSUT a demandé à la rencontrer pour faire valoir ses recommandations.
Il souligne également que la pratique de verser aux recteurs des sommes considérables au moment de leur départ en guise de « congé administratif » est qualifiée de problème persistant dans le rapport.
« Chaque année de 2004-2005 à 2010-2011, (l’Université) Acadia payait son recteur en poste ainsi qu’un ancien recteur », affirment les auteurs. « Au total, Acadia a versé 907 627 $ à titre de congé administratif à d’anciens recteurs durant cette période, et 1 476 882 $ en salaires à des recteurs ou recteurs par intérim. »
« Il a été très intéressant de lire que l’Université Acadia a payé deux recteurs (…) en raison de la pratique assez courante de payer un salaire complet aux anciens recteurs à titre de “congé administratif” après qu’ils ont en fait quitté leur poste de recteur », a déclaré Elisabeth Hans, directrice générale de la Fédération des associations de professeures et professeurs d’université du Nouveau-Brunswick (FAPPUNB).
La fédération a également soumis des demandes d’accès à l’information aux quatre universités de la province, dans lesquelles elle pose essentiellement les mêmes questions que l’ANSUT. « Nous espérons et prévoyons que nos universités répondront plus rapidement que ce fut le cas en Nouvelle-Écosse où, dans certains cas, l’ANSUT a dû attendre six mois pour obtenir une réponse », a ajouté Mme Hans.
La FAPPUNB a déposé ses demandes d’information en vertu de la Loi sur le droit à l’information et
la protection de la vie privée du Nouveau-Brunswick qui ne s’applique aux universités de la province que depuis le 1
er septembre 2012.