Rassemblement de protestation des syndicats et de leurs sympathisants organisé le 13 février 2013 à l'Université du Manitoba.
Le 13 février dernier est une date à marquer d’une pierre blanche, puisqu’en ce jour, l’association du personnel académique de l’Université du Manitoba a fait cause commune avec cinq autres syndicats représentant du personnel en poste sur le campus. Leur objectif? Manifester pour envoyer à l’administration de l’Université un signal clair de leur frustration et de leur insatisfaction.
C’est par centaines que les partisans se sont réunis à l’extérieur du centre administratif de l’Université pour exprimer leurs préoccupations à l’égard de courants comme la transformation en société, la privatisation, l’impartition, la régression de la gouvernance collégiale et l’alourdissement des charges de travail. Des courants défavorables non seulement au personnel académique, soutiennent-ils, mais aussi aux étudiants.
« L’administration en place a une vision de l’université radicalement différente », a déclaré la présidente de l’association, Sharon Alward. « La participation du milieu académique devient secondaire et est remplacée par un mode de gestion hiérarchique où tout est décidé au sommet. On ne nous écoute pas, et les problèmes subsistent. »
Mme Alward a également déploré le fait que, d’un côté, l’Université ouvre sa bourse toute grande aux consultants en publicité et en image, alors que, de l’autre, les responsables des départements devront peut-être composer l’an prochain avec des réductions de 3 à 5 % de leur budget.
S’adressant à la foule de manifestants, les représentants syndicaux ont soutenu que les membres du personnel académique, voire de la communauté universitaire entière, ont aujourd’hui le moral à plat. Tous sont découragés par les mauvais traitements infligés aux travailleurs, les charges de travail accablantes et les nombreuses « mesures d’efficience » mises en place dernièrement, des facteurs qui ont conduit à une détérioration des conditions de travail.
La décision du recteur de l’UM, David Barnard, d’abaisser de 20 à 13 le nombre de facultés au cours des quatre prochaines années représente un autre changement profond aux conséquences encore inconnues, a dit Mme Alward.
« Les professeurs n’ont aucune idée de ce qu’il leur adviendra sur les plans de l’autonomie, de la permanence, de la promotion, de la reconnaissance de la discipline », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, la controverse persiste au sujet de la présence sur le campus du Collège international du Manitoba, un établissement d’enseignement à but lucratif qui appartient à des intérêts étrangers et se présente comme une « porte d’entrée » pour les étudiants internationaux de première année.
Depuis la création du Collège en 2008, le corps professoral s’est dit à maintes reprises préoccupé par le manque de transparence entourant le contrat conclu par l’Université avec Navitas, la société mère australienne du Collège, et par le manque de surveillance des méthodes d’enseignement et de recrutement de l’établissement.
Mais, d’après Mme Alward, le Collège est seulement une illustration de la tendance grandissante à contourner les processus collégiaux.
Le personnel et les étudiants ont encore sur le coeur l’achat, par l’Université, d’un terrain de 120 acres contigu au campus de Fort Garry à Winnipeg, sur lequel était situé le club de golf Southwood. Les deux groupes n’ont toujours pas voix au chapitre dans les dossiers touchant l’expansion de l’Université.
Le sénat a été complètement écarté de la sélection du jury chargé de superviser les propositions de services de conception et la communauté académique ne compte aucun membre votant dans le jury, exception faite du recteur.
Selon Mme Alward, « cette approche fait totalement fi du principe de collégialité et exclut les principaux intéressés au sein de l’Université, c’est-à-dire nous tous ».
La présidente de l’association desétudiants de l’Université du Manitoba, Bilan Arte, considère que les étudiants sont « les principaux intéressés » en ce qui a trait à l’aménagement du terrain. Elle souligne qu’en dépit des besoins criants en logements abordables pour les étudiants, l’association s’est heurtée à la résistance et à l’opposition de l’administration lorsqu’elle s’est efforcée de faire primer les intérêts des étudiants dans les projets d’aménagement.
Les syndicats présents à la manifestation étaient l’UMFA, l’UMSU (la plus grande association d’étudiants du Manitoba), la section 3007 des TCA, les sections 3909 et 1482 du SCFP, et l’Association of Employees Supporting Education Services. Ensemble, ils représentent 5 200 membres du personnel académique et plus de 22 000 étudiants de l’UM.