Les instituts Confucius, implantés depuis 2004 par le gouvernement chinois dans plusieurs villes du monde, versent généralement de généreux dons aux établissements d'enseignement hôtes. [IVANWALSH.com / Flickr]
L’Université McMaster rompt ses liens avec un institut voué à l’enseignement de la langue et de la culture chinoises parce que ce dernier pourrait s’être rendu coupable de violations des droits de la personne et de discrimination dans l’embauche.
Intégré au campus de l’Université McMaster, l’Institut Confucius fermera ses portes à la fin du mois de juillet, à l’expiration de son contrat de cinq ans avec l’établissement d’enseignement.
Les instituts Confucius, qui sont implantés dans plusieurs villes du monde entier, opèrent sous la direction du Bureau national chinois pour l’enseignement du chinois comme langue étrangère, un organisme non gouvernemental affilié au ministère chinois de l’Éducation. L’Institut Confucius à l’Université McMaster emploie des enseignants engagés en Chine, comme les centaines d’autres antennes de par le monde qui sont partenaires d’établissements d’enseignement secondaire et postsecondaire.
L’Université McMaster a pris cette décision après qu’une enseignante eut quitté son poste en 2011 pour ensuite demander le statut de réfugié au Canada et déposer une plainte contre l’Université devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario. L’enseignante soutenait que son contrat de travail l’empêchait d’exprimer librement ses opinions politiques ou ses croyances religieuses.
Sonia Zhao prétend que son contrat avec l’institut chinois lui interdit expressément de pratiquer le Falun Gong, un mouvement spirituel proscrit en Chine. Elle accuse l’Université McMaster de « légitimer » un contrat de travail discriminatoire et a engagé une procédure de médiation avec des représentants de l’Université pour régler le différend.
Quelle que soit l’issue de cette procédure, l’Université McMaster a fait savoir qu’au vu des questions soulevées par cette affaire, elle est pleinement justifiée de mettre fin à sa relation avec l’Institut.
« L’apparent déséquilibre entre les décisions d’embauche en Chine et les pratiques courantes à l’Université a soulevé de nombreuses préoccupations. Nous avons rencontré les dirigeants (de Confucius) à maintes reprises pour réfléchir à diverses solutions possibles, mais sans parvenir à un accord satisfaisant », a affirmé l’Université le 7 février dernier dans la rubrique des actualités quotidiennes de son site Internet.
« Il est encourageant de voir la position prise par l’Université McMaster à l’égard de l’Institut Confucius », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « Si elles veulent préserver l’intégrité académique, les universités doivent s’abstenir de toute ingérence dans les doctrines ou les croyances religieuses ».
Les instituts Confucius ont suscité des controverses, en Chine comme ailleurs, au sujet de leurs liens avec le ministère de l’Éducation. Ils sont soupçonnés de s’adonner à l’espionnage industriel et de poursuivre l’objectif d’étendre le pouvoir de velours de la Chine et son influence culturelle dans le monde entier.
Au Canada, plusieurs universités et de nombreuses écoles secondaires publiques ont ouvert leur porte à un Institut Confucius.
Le corps professoral de l’Université du Manitoba (UMFA) est préoccupé en permanence par la possibilité que la direction veuille implanter une antenne de l’institut chinois sur son campus de Winnipeg.
Interpellée par le dépôt de la plainte devant le tribunal des droits de la personne et par la décision de l’Université McMaster de rompre ses liens avec l’Institut Confucius, l’UMFA veut que l’administration fasse connaître franchement ses intentions.
« Les professeurs et les étudiants ont une excellente occasion de poser des questions sur les partenariats avec des tiers sur leurs campus, et de s’assurer ainsi qu’ils répondent à des normes d’intégrité élevées », a convenu M. Turk.