[Gary A.K./Flickr]
C’est sans surprise que les établissements d’enseignement postsecondaire ont pris connaissance du budget présenté pour l’année 2013-2014 par le gouvernement néo-démocrate de la Nouvelle-Écosse. La publication du budget marquait le déclenchement de la troisième phase d’un plan de réduction des subventions de fonctionnement convenu il y a plusieurs années.
Le président de l’Association of Nova Scotia University Teachers, Chris Ferns, affirme toutefois que, même si les réductions étaient déjà connues, « c’est comme si le gouvernement avait voulu jeter de la poudre aux yeux. »
Après avoir subi des baisses de 3 % et de 4 % les deux premières années du plan, les subventions de fonctionnement des établissements seront diminuées de 3 % cette année, conformément au protocole d’entente conclu entre le gouvernement et les administrateurs.
M. Ferns indique que l’on peut estimer à 337 millions de dollars la réduction qui entrera en vigueur dans la prochaine année, mais que « c’est une autre paire de manches que de vouloir chiffrer le financement réellement accordé aux établissements postsecondaires. »
Par ailleurs, les détracteurs du budget prétendent que le léger excédent budgétaire prévu de 16 millions de dollars est avant tout une manoeuvre du gouvernement pour gagner des votes en cette année électorale.
M. Ferns est d’accord avec eux. Il souligne que, l’an dernier, le gouvernement a dû puiser dans ses coffres 34 millions de dollars de plus pour éponger les « dépassements de coûts » dans le secteur de l’enseignement postsecondaire.
« Le gouvernement prévoit un léger excédent, mais les dépassements budgétaires pourraient le tarir assez vite. »
Plusieurs universités de la province sont lourdement endettées. À titre d’exemple, l’Université Dalhousie est dans le rouge pour plus de 100 millions de dollars, et l’Université Acadia, pour 70 millions.
« Pourtant, le gouvernement ne cesse de dire au Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse d’assainir son budget et d’envisager une fusion avec l’Université Dalhousie », déclare M. Ferns.
Quarante pour cent des étudiants inscrits dans les universités et les collèges de la Nouvelle-Écosse viennent d’ailleurs, et « le système universitaire est l’un des principaux moteurs de l’économie de la province, il n’est donc pas logique de diminuer son financement », soutient-il.
L’enveloppe allouée à l’aide financière aux étudiants a augmenté de 4,6 millions de dollars et atteint maintenant 45 millions. Le ratio bourse-prêt est passé de 35-65 à 40-60.
Nicolas Stark, le représentant de la Nouvelle-Écosse au sein de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants, avance qu’en raison de la hausse de 3 % des droits de scolarité cette année, les étudiants n’en auront pas plus dans leurs poches.
D’après lui, les étudiants souhaitent aussi que le financement alloué au programme de réduction des impôts des diplômés soit converti en bourses qui seraient accordées aux étudiants en fonction des besoins.
Un crédit d’impôt est offert jusqu’à concurrence de 2 500 $ aux diplômés qui acceptent un emploi dans la province. Cependant, seulement 3,3 millions de dollars ont été attribués en 2010, sur un fonds total de 25 millions.
« C’est juste un appât politique très inefficace, qui rate sa cible. Cela n’est pas le genre de mesure qui incite les gens à rester ici », conclut M. Stark.