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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 2013

Des voix nombreuses s’élèvent contre les coupes en Alberta

Les lourdes compressions dans le financement de l’éducation postsecondaire annoncées dans le budget provincial 2013-2014 déposé en mars continuent de susciter de vives réactions en Alberta.

Bien que la controversée « lettre d’attentes » ait été mise de côté pour cinq mois, certains établissements ont commencé à licencier du personnel et à amputer le budget des bibliothèques, des déplacements et des TI, afin d’éponger la réduction de 7 % de leurs subventions de fonctionnement cette année.

Les effets à long terme de ces coupes sévères seront « dévastateurs », a affirmé le président de la Confederation of Alberta Faculty Associations, Ron Sutherland.

« Les universités vouées à la recherche risquent de perdre la génération montante de chercheurs au profit d’établissements à l’extérieur de la province, tandis que la qua­lité et l’éventail de nos prestations aux étudiants ne manqueront pas de diminuer », a-t-il ajouté.

« Difficile de prétendre qu’une réduction de 147 millions en un an puisse aider à améliorer le système ou à en renforcer les capacités. »

Après avoir rencontré les présidents du conseil et recteurs des universités et collèges de la pro­vince le 11 avril, le ministre de l’En­seignement supérieur Thomas Lukaszuk a décidé de ne plus forcer les établissements à adhérer aux exigences du gouvernement expo­sées dans la lettre d’attentes. Les collèges et les universités de l’Alberta ont maintenant jusqu’au mois de septembre pour négocier un « protocole d’entente » énonçant leurs rôles.

Le ministre a cependant ren­chéri en envoyant aux 26 établissements d’enseignement postsecondaire une nouvelle lettre dans laquelle il propose un gel salarial de trois ans suivi d’une hausse d’au plus 2 % la quatrième année et « des ententes négociées incluant des méthodes de gain de productivité qui remédient aux inefficiences dans les conventions en vigueur ».

Selon ses détracteurs, la lettre contient des exigences qui pourraient constituer une atteinte à l’autonomie des établissements, les conventions collectives relevant exclusivement du conseil et du personnel académique des établissements.

Doug Short, président de l’Alberta Colleges and Institutes Faculties Association, a déclaré que la seule apparence de restriction au libre processus de négociation collective violait des articles de la Post-Secondary Learning Act qui établissent les associations de personnel aca­démique en tant que partenaires dans les affaires universitaires.

« Le ministre, avec peut-être la collaboration des dirigeants des établissements, a outrepassé son mandat. Les priorités exprimées dans cette lettre sont inappropriées », a-t-il dit.

M. Short, qui est aussi président de l’association du personnel acadé­mique de l’Institut de technologie du Nord de l’Alberta, a indiqué que le corps professoral de l’établissement était en train de négocier ses conditions de travail sous la lourde chape de la lettre du ministre conjuguée à la décision de l’établissement d’abolir quelque 35 postes au sein du personnel académique et 15 au sein du personnel administratif ou non académique en ré­ponse à la réduction du financement provincial.

L’annonce-surprise du « gel des droits de scolarité » faite à la mi-avril par le gouvernement conservateur visait, selon les critiques, à détourner l’attention des compressions. Le « gel » annulera l’indexation des droits de scolarité au taux d’inflation de 2,15 % qui était prévue et sera compensé par une contribution gouvernementale de 16,5 millions de dollars aux établissements.

Grâce à ce tour de passe-passe, les étudiants paieront le même montant pour leurs droits de scolarité en 2013-2014 qu’en 2012-2013, mais nombre d’entre eux n’en craignent pas moins les retom­bées des compressions ailleurs dans le système.

Le Council of Alberta University Students, qui représente les étudiants du premier cycle des trois plus importantes universités de la province, a joint sa voix à celle de la Confederation of Alberta Faculty Associations en signant une lettre adressée à la première ministre Alison Redford et au ministre Lukaszuk selon laquelle « des réductions budgétaires aussi marquées auront des répercussions profondes et à long terme sur le système d’enseignement postsecondaire ».

Par ailleurs, une foule d’étudiants ont manifesté leur solidarité avec le personnel académique de l’Université de Lethbridge et leurs sympathisants à l’occasion du rallye « Cause U Matter » tenu le mois dernier, afin de protester contre la réduction de 11,9 millions de dollars du budget de l’université qui menace inévitablement les programmes.

Le président de l’ACPPU, Wayne Peters, a soutenu que le manifestations et les lettres d’opposition aux compressions budgétaires en éducation postsecondaire étaient essentielles pour transmettre le message au gouvernement.

« Nous sommes très heureux que les étudiants et le personnel académique s’opposent fermement à l’approche malavisée et rétrograde du gouvernement en matière d’éducation postsecondaire », a-t-il dit.

« Investir dans les universités et les collèges, c’est l’une des meilleures façons d’aider à diversifier l’écono­mie de l’Alberta et à en promouvoir la stabilité financière. »

L’Université de l’Alberta vise à épargner 25 millions cette année grâce à des licenciements conjugués à une réduction de ses dépenses au titre des bibliothèques, des TI et de l’administration.

Les programmes d’études pourraient également être touchés, la rectrice Indira Samarasekera ayant prévenu la communauté universitaire qu’elle entendait réduire les dépenses de 67 millions de dollars pour compenser la baisse du financement provincial et des revenus d’investissement.

Le ministre Lukaszuk a nié les allégations de réduction des programmes, affirmant que son ministère devait approuver toute suspension ou annulation de programmes et qu’il n’avait encore reçu aucune demande à cet effet.

Il a déclaré au Edmonton Journal qu’il examinerait les ententes sala­riales au moment de l’approbation du budget de chaque établissement cette année, à la lumière du modèle énoncé dans sa lettre.

« Si des établissements me demandent d’abolir des programmes, j’analyserai les mesures qu’ils proposent tant en matière d’efficience que salariale », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il pourrait aussi mettre les charges d’enseignement sur le tapis.