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Le gouvernement du Manitoba réservait une surprise aux établissements d’enseignement postsecondaire en reniant, dans le budget provincial du 16 avril, sa promesse d’augmenter de 5 % leurs subventions de base.
En lieu et place, les établissements recevront la moitié du montant prévu, soit 2,5 %, la supposée dernière année d’un accord de financement triennal qui garantissait des augmentations annuelles de 5 % selon le budget de 2011 du gouvernement néo-démocrate.
Ces hausses amputées bouleversent les prévisions financières que les établissements avaient établies en fonction d’une augmentation de 5 %. Le personnel et les étudiants, de leur côté, se demandent comment cet écart sera comblé.
« C’est décevant et je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine colère », a affirmé la présidente de l’University of Manitoba Faculty Association, Sharon Alward. « Tout le monde comptait sur ce 5 % et l’université devra manifestement faire des choix. »
Le recteur de l’Université du Manitoba, David Barnard, a déclaré qu’« un réaménagement des plans financiers » était déjà en cours.
« Dans le cadre de l’exercice de planification stratégique des ressources de l’université, nous avons demandé aux facultés de prévoir des réductions budgétaires de 3 % à 5 %. Les facultés ont déposé leurs projets de budget plus tôt cette année », selon un communiqué de l’université.
« Les prochaines étapes consisteront à (…) déterminer des réductions possibles à partir des propositions des facultés. Le conseil des gouverneurs sera saisi d’un budget à son assemblée de mai. »
Les droits de scolarité au Manitoba sont indexés au coût de la vie, un plafond qui ne s’applique cependant pas aux étudiants étrangers, aux collèges ou aux « programmes professionnels », de sorte que les étudiants craignent une importante augmentation des droits de scolarité.
« Les universités et les collèges seront forcés d’équilibrer leur budget aux dépens des étudiants », a déclaré Bilan Arte, vice-présidente de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants du Manitoba. « Qu’il y ait hausse des droits de scolarité ou réduction dans les programmes, ce budget frappera de plein fouet les étudiants et la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent. »
Selon Mme Arte, « les programmes professionnels » sont définis de manière très générale et pourraient comprendre tous les programmes qui n’ont pas trait aux arts et à la science.
« Le plafond des droits de scolarité ne s’appliquerait donc pas aux programmes de droit, de médecine, de génie, de soins infirmiers et de travail social », a-t-elle ajouté.
L’Université de Winnipeg, qui avait déjà prévu un manque à gagner d’un million de dollars en tenant compte de la hausse anticipée de 5 % de sa subvention de base, est maintenant confrontée à un gouffre budgétaire qui se creuse.
Selon l’aperçu budgétaire 2013-2014 de l’université préparé au début de l’année dans le but de dégager ou de générer des produits d’exploitation d’un million de dollars, « ce scénario accentue la pression sur l’université à l’effet de rationaliser ses activités. Il nous oblige à (…) (examiner) la prestation de nos programmes de premier cycle et des cycles supérieurs pour accroître notre efficience en matière d’utilisation des ressources humaines et de nos espaces physiques ».
Le document suggère, entre autres façons de produire des recettes, « l’offre de l’expertise universitaire à des entités publiques et privées ».