Aux prises avec un déficit estimatif de 9,8 milliards de dollars pour 2012-2013, le gouvernement libéral minoritaire de l’Ontario a déposé en mai un budget stratégiquement axé pour s’y attaquer, tout en cherchant à gagner la faveur du NPD dont dépend l’adoption du budget.
Le document contient peu de nouvelles mesures pour l’éducation postsecondaire dans la province, et confirme celles annoncées dans le budget de l’an dernier au titre du financement des universités.
Bien que le gouvernement prévoie une hausse de 1,9 % du financement afin de tenir compte des nouveaux effectifs dans les établissements d’enseignement, cette « hausse » est largement effacée par des coupes dans les fonds de fonctionnement qui retranchent 121 millions de dollars au budget des établissements entre 2012 et 2014, selon l’analyse de l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (UAPUO).
En résulte une baisse globale du financement par étudiant.
« L’Ontario a déjà le plus faible taux de financement par étudiant au Canada, et ce budget enfonce le clou », a déclaré la présidente de l’UAPUO, Constance Adamson.
Tout en faisant remarquer qu’une hausse du financement par étudiant aiderait aussi à juguler l’augmentation des droits de scolarité, Mme Adamson a ajouté que les budgets d’« austérité » ne stimulent généralement pas la croissance économique, alors que des investissements dans les universités le font.
« Nous craignons qu’en rivant son attention sur la réduction du déficit provincial, le gouvernement n’évacue d’autres priorités tout aussi importantes pour les Ontariens. En investissant dans les universités, on stimule la croissance économique et on renforce la société, ce qui contribue à réduire le déficit », précise-t-elle.
Les droits de scolarité à l’enseignement postsecondaire pourront augmenter de 3 à 5 % par an au cours des quatre prochaines années, a affirmé Sarah Jayne King, présidente de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants-Ontario. Conjuguées aux coupes dans les fonds de fonctionnement des établissements, ces hausses font en sorte que le financement public compte maintenant pour moins de la moitié du budget de fonctionnement des universités.
« Le sous-financement gouvernemental et huit ans de hausse des droits de scolarité ont transféré la majorité des coûts de l’éducation collégiale et universitaire aux étudiants et à leurs familles », a affirmé Mme King. « Depuis dix ans, nos collèges et universités publics ont discrètement avancé sur la voie de la privatisation, et les établissements sont de plus en plus obligés d’ouvrir leurs portes à des intérêts privés. »
Le budget contient également un nouvel investissement de 295 millions de dollars sur deux ans consacré à la Stratégie d’emplois pour les jeunes du gouvernement, qui comprend un fonds de 195 millions pour l’aide à l’emploi des jeunes Ontariens au moyen de mesures incitatives à l’embauche destinées aux employeurs.
Toutefois, la stratégie « augmenterait l’influence du secteur privé au sein des collèges et des universités, notamment par l’entremise des ‘centres d’accélération sur les campus’, qui permettraient aux grandes entreprises d’utiliser les ressources publiques pour réaliser des gains privés », selon Mme King.
« Les étudiants accueillent positivement des investissements qui luttent contre le chômage chez les jeunes, mais une stratégie globale d’aide aux jeunes doit aussi s’attaquer aux droits de scolarité élevés et à l’endettement record des étudiants », a-t-elle ajouté.
Le budget indique qu’une partie des fonds affectés à la Stratégie d’emplois pour les jeunes facilitera « l’élaboration d’activités d’entrepreneuriat » sur les campus, largement par l’intermédiaire des « centres d’accélération », mais il ne fournit pratiquement aucun détail sur l’établissement, l’organisation et le financement de ces centres.