La Commission des relations du travail de l’Ontario (CRTO) a clos un chapitre long de quatre ans en accordant aux boursiers postdoctoraux de l’Université de Toronto le statut d’unité de négociation. Dans un scrutin de représentation tenu en avril dernier, ceux-ci se sont prononcés en faveur de la syndicalisation dans une proportion de 73 %.
Les postdoctorants rémunérés par l’Université de Toronto se joindront à la section locale 3902 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et, par cette adhésion, deviendront membres de l’ACPPU. La nouvelle unité de négociation comprendra environ 600 postdoctorants et formera ainsi le groupe le plus imposant de postdoctorants syndiqués au Canada.
En février 2009, le syndicat a amorcé une campagne de recrutement de tous les postdoctorants de l’Université qui a alors aboutit, cinq mois plus tard, à la présentation d’une demande d’accréditation à la CRTO. Mais le SCFP n’était pas au bout de ses peines, puisqu’il a dû faire face à l’opposition de l’administration de l’Université de Toronto. Celle-ci alléguait que les postdoctorants ne pouvaient être représentés par un syndicat parce qu’ils n’étaient pas des employés. Un scrutin a tout de même eu lieu, mais les bulletins de vote ont été départagés, puis déposés dans une boîte scellée, et les deux parties ont saisi la CRTO du litige.
En janvier 2012, la CRTO a créé un précédent en décidant que les postdoctorants de l’Université de Toronto étaient des employés. De ce fait, elle a balayé du revers de la main presque tous les arguments de l’Université, pour qui les postdoctorants étaient des « stagiaires universitaires » et s’apparentaient davantage aux étudiants qu’aux professeurs.
La CRTO a ordonné que la boîte du scrutin soit ouverte et que les bulletins de vote soient comptés. Le syndicat a perdu par quelques votes.
Il est courant qu’une organisation syndicale doive tenir plusieurs scrutins avant de recueillir les appuis nécessaires pour représenter un groupe d’employés. Dans ce cas-ci, un pas avait toutefois été franchi, puisqu’il avait été clairement établi que les postdoctorants étaient des employés.
Après la période d’attente obligatoire, le syndicat a lancé une deuxième campagne de recrutement en janvier 2013 et rallié plus d’adhérents qu’à sa première tentative. Au final, le syndicat a obtenu la majorité des voix.
« Nous sommes prêts à travailler d’arrache-pied pour améliorer les conditions d’emploi des postdoctorants de l’Université de Toronto », a déclaré par courriel le président de la section locale 3902 du SCFP, Abouzar Nasirzadeh. « Les postdoctorants étaient les derniers membres sans représentation parmi le personnel académique de l’Université. En se syndiquant, ils se sont donné un porte-parole qui peut prendre leur juste place à la table de négociation. »
L’unité de négociation des postdoctorants de l’Université de Toronto est la dernière en date à être accréditée, après celles des universités McMaster, Western, Queen’s, UQAM, Memorial et, tout dernièrement, Carleton.
Les postdoctorants dont les travaux sont financés par des organismes externes ont toutefois été exclus de cette démarche. Il reste à la CRTO à se pencher sur leur statut.