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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

septembre 2013

Initiation et liberté d’expression ne vont pas de pair à l’Université Western

Des étudiants représentant le Western Solidarity Network distribuent des dépliants à l'extérieur du périmètre du site de la semaine d'orientation, sur le campus de l'Université Western, le 3 septembre. [Mike Roy/theindignants.org]
Des étudiants représentant le Western Solidarity Network distribuent des dépliants à l'extérieur du périmètre du site de la semaine d'orientation, sur le campus de l'Université Western, le 3 septembre. [Mike Roy/theindignants.org]
Certaines formes de communication sont plus égales que d’autres. C’est ce que disent avoir appris huit étudiants du premier cycle de l’Université Western après avoir été sommés, par la police du campus, à cesser la distribution de pamphlets dénonçant l’influence de l’entreprise privée sur la semaine d’initiation des nouveaux étudiants.

« C’est la démonstration concrète de la mainmise d’intérêts privés sur le campus et la semaine d’initiation », a déclaré l’organisateur de la pro­tes­tation, Jordan Coop. « Voilà la triste manifestation de la liberté d’expression sur le campus : les entreprises peuvent parler aux étudiants, mais les étudiants qui les critiquent ne sont pas les bienvenus. »

M. Coop et ses collègues, membres du groupe d’étudiants activistes Western Solidarity Network, ont été interpellés par la police le soir du 3 septembre, alors qu’ils distri­buaient des pamphlets à l’extéri­eur du périmètre délimité pour les festivités de la semaine d’initiation. Faisant état du gonflement de la dette étudiante en Ontario et de la « prédominance des intérêts de l’entreprise privée à Western », la brochure signale le fait que les étudiants doivent débourser 86 $ pour obtenir un bracelet qui leur donne accès à toutes les activités de la semaine d’initiation. On y dén­once en outre la prolifération des stands promotionnels d’entreprises durant les festivités sur le campus et d’autres événements liés à la semaine d’initiation qui cib­lent les participants « d’abord comme consommateurs, puis comme étudiants ».

« Les activités de la semaine d’orientation étant exclusivement destinées aux étudiants de première année, la police du campus a fait valoir aux protestataires que l’endroit et le moment de leur protestation étaient inappropriés », a ré­pondu par courriel Gitta Kulczycki, vice-prési­dente des ressources et de l’exploita­tion à l’Université Western.

Mme Kulczycki indique que les policiers ont demandé aux étudiants de changer d’endroit. Selon M. Coop, toutefois, bien que les policiers leur aient permis de récupérer leur vélo, ils voulaient de toute évidence qu’ils quittent le campus.

Les étudiants disent que la police a demandé à voir leur carte d’étudiant et a consigné leur nom.

« Le geste de l’université consti­tue une violation inacceptable de la liberté d’expression, qui devrait compter au nombre des valeurs fondamentales de tout établissement d’enseignement supérieur », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « La liberté d’expression à Western ne s’étend manifestement pas à ses détracteurs ni à ceux des entreprises commanditaires de la semaine d’initiation des étudiants. »

L’incident a retenu l’attention des doyens de la faculté d’études médiatiques et de l’information de l’université. Ils ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils expriment leur désaccord. Selon eux, « la situation semble porter de graves atteintes à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et aux possibilités d’échange intellectuel ouvert ». Le doyen suppléant Nick Dyer-Witheford a également demandé à l’administration d’ouvrir une enquête.

Jeff Tennant, président de l’association du personnel académi­que de Western, s’est dit préoccupé par les « répercussions des actions de la police du campus sur la liberté d’expression et de réunion des étudiants. »