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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

novembre 2013

La science à bon escient : lancement pancanadien des assemblées publiques

David Schindler, fondateur du projet de la Région des lacs expérimentaux, était au nombre des conférenciers invités à l'assemblée publique d'Edmonton. [Ruth Bonneville / Winnipeg Free Press]
David Schindler, fondateur du projet de la Région des lacs expérimentaux, était au nombre des conférenciers invités à l'assemblée publique d'Edmonton. [Ruth Bonneville / Winnipeg Free Press]
Des chercheurs ont jeté des ponts avec leurs communautés à l’occasion des quatre premières assemblées planifiées par l’ACPPU d’un océan à l’autre dans le but de sensibiliser les Canadiens aux graves préjudices que causent les politiques malavisées du gouvernement à la science et à la recherche.

« Au Canada, l’ingérence politique dans la prise de décisions scientifiques, le musellement des chercheurs de l’État, les compressions dans le financement de la recherche fondamentale et les pressions exercées sur les chercheurs pour qu’ils répondent aux besoins de l’industrie causent un tort considérable aux activités savantes et compromettent l’avenir de notre pays », a déclaré James Turk, directeur général de l’ACPPU. « Nous espérons que ces échanges organisés entre des scientifi­ques éminents et le public seront des catalyseurs de changement. »

Depuis le début de l’automne, la tournée pancanadienne de l’ACPPU s’est arrêtée à Waterloo, Edmonton, Québec et Halifax.

Prenant la parole à la première assemblée publique, le philosophe David DeVidi, de l’Université de Waterloo, a fait le constat de la diminution continuelle des investissements dans la recherche, un constat approuvé par plusieurs.

« Les chercheurs universitaires qui demandent du financement à un conseil subventionnaire se voient de plus en plus souvent opposer une fin de non-recevoir. Pas parce que leurs travaux ne sont pas légitimes, mais parce qu’ils ne peuvent se traduire par des avantages commerciaux directs et immédiats », a-t-il déclaré à l’auditoire de Waterloo le 17 septembre dernier.

D’autres panélistes invités ont également souligné que le contrôle exercé par le gouvernement sur les communications des scientifiques à son service au sujet de leurs re­cherches ouvre une brèche dans la confiance du public.

À Edmonton, en octobre dernier, des thèmes semblables ont retenu l’attention des quelque 130 personnes venues écouter Hanne Ostergaard, Nils Petersen, Stephen Slemon et David Schindler, tous des chercheurs émérites de l’Université de l’Alberta, leur parler des consé­quences directes de la crise ac­tuelle sur leurs travaux.

David Schindler, biologiste de la vie aquatique et fondateur du projet de la Région des lacs expérimen­taux, a fait remarquer que le caractère fortuit des découvertes scientifiques échappe au gouvernement en fonction. Il compare le bâillonnement actuel des scientifiques à la surveillance exercée sur les tra­vaux des chercheurs à l’époque de la guerre froide.

« Mon domaine est la recherche fondamentale », a déclaré Hanne Ostergaard, qui étudie l’activité cellulaire du système immunitaire. « Ce ne peut pas être plus fonda­mental que cela, et je vois bien qu’il y a de moins en moins de ressources pour des projets de ce genre. » Elle explique que les recherches sur l’ADN, motivées par la curiosité pure, ont conduit de façon tout à fait impré­visible à des découvertes qui ont fait progresser les investigations médico-légales, mais qu’il est « peu probable » que ces re­cher­ches soient financées
aujourd’hui.

« La réflexion critique est constamment dévalorisée », dit Stephen Slemon. Il observe que les sciences humaines sont également réduites à leurs aspects “commerciaux” et doivent démontrer leur valeur et leur pertinence, par rapport à leurs coûts et à leurs résultats.

Dans son mot d’ouverture à l’assemblée qui a eu lieu à Québec au début de novembre, une profes­seure en science animale à l’Université Laval a mis en valeur l’importance de la recherche non liée dans le secteur de l’agriculture.

Diane Parent a lancé l’avertissement suivant : « La production alimentaire est de plus en plus concentrée entre les mains de sociétés. Il devient alors de plus en plus difficile de dégager “l’application commerciale” de travaux de recherche qui, par définition, jettent un regard critique sur les aliments génétiquement modifiés ou produits de manière industrielle. »

Les scientifiques fédéraux expriment les mêmes préoccupations que leurs collègues des universités à l’endroit des politiques en science de leur employeur. L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada vient de publier le rapport d’un sondage mené auprès des scientifiques fédéraux dans lequel on peut lire que la moitié d’entre eux peut donner des exemples où l’ingérence politique et l’élimination de projets de re­cherche ont compromis la santé et la sécurité des Canadiens, et la sécurité environnementale. Qua­rante-huit pour cent des scienti­fiques sondés connaissent des cas où le gouvernement a supprimé de l’information pour tromper volontairement le public.

Des assemblées publiques sont prévues à Peterborough, Vancouver, Kingston, Calgary, St. John’s,
Montréal et Toronto dans les pro­chains mois.

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Pour en savoir plus sur la campagne, visitez lascienceabonescient.ca.