La recherche scientifique fondamentale est soumise à de fortes pressions au Canada, conclut un nouveau rapport de l’ACPPU.
Selon le rapport de l’ACPPU intitulé
Le financement fédéral de la recherche fondamentale, le soutien aux programmes de recherche fondamentale a dans l’ensemble considérablement rétréci ces dernières années, le gouvernement conservateur ayant imprimé une nouvelle direction à la politique canadienne en matière de sciences et de technologie. Ce changement de cap s’est traduit par l’orientation des nouveaux investissements vers « des projets qui semblent promettre des retombées commerciales immédiates ».
Le financement des conseils subventionnaires, corrigé en fonction de l’inflation, est en perte de vitesse depuis 2007-2008. Les fonds alloués au Conseil de recherches en sciences humaines ont chuté de plus de 10 %, tandis que le financement de base du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et des Instituts de recherche en santé du Canada a diminué respectivement de 6,4 % et de 7,5 %.
D’après le rapport, la réorientation du financement de la recherche au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie est le parfait exemple de la volonté du gouvernement d’axer la recherche universitaire sur des projets ayant des applications rentables à court terme. En 2008-2009, le CRSNG a investi 121 millions de plus (en dollars constants) dans son programme de subventions à la découverte que dans des projets de recherche ciblés. Or, en 2012, les fonds alloués aux partenariats industrie-université et aux initiatives de commercialisation dépassaient de 40 millions de dollars les fonds affectés aux subventions à la découverte.
Le rapport montre qu’à même les maigres ressources allouées à la recherche, des millions de dollars sont réorientés vers de nouveaux programmes spécialisés, comme les subventions d’engagement partenarial du CRSNG qui, depuis 2009, favorisent l’établissement de partenariats de recherche entre chercheurs et entreprises afin d’appuyer « des projets de recherche et développement à court terme destinés à résoudre un problème propre à ces entreprises ». Le programme ne compte pas de processus d’évaluation par les pairs et l’octroi de la subvention de 25 000 $ est pratiquement assuré, plus de 90 % des candidats l’ayant obtenue jusqu’à présent.
Le sous-financement de la recherche fondamentale et une mauvaise estimation de ses bénéfices font en sorte que des milliers de projets de recherche importants sont, selon le rapport, abandonnés non pas en raison de leur intérêt scientifique, mais simplement faute de fonds.
« Le manque de fonds est sans conteste le principal obstacle à la recherche scientifique fondamentale dans notre pays », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « S’y ajoute l’échec des décideurs à reconnaître que la recherche fondamentale, pratiquée dans le but de parfaire les connaissances et sans objectif commercial préalable, est l’assise de la plupart des progrès scientifiques qui ouvrent la voie à la majorité des nouvelles applications commerciales et sociales. »
Le « premier pas » que doit faire le gouvernement, selon M. Turk, est de rétablir les investissements importants pour le financement des conseils subventionnaires, et de laisser la communauté scientifique déterminer les priorités de recherche.
« En remontant plus de cent ans dans le passé, on constate que les pays ont plus de succès quand la recherche est orientée par la communauté scientifique et non par les décideurs ou l’industrie. »