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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mars 2014

Au Québec, un budget qui investit dans l’éducation, mais de durée éphémère

Le budget du Québec 2014 — gén­é­ralement bien accueilli par le sec­teur de l’éducation postsecondaire de la province — était à peine déposé que la première ministre Pauline Marois déclenchait des élections antici­pées, le rendant automatiquement caduc.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a annoncé une augmentation budgétaire de 3 % (soit 493 millions de dollars) pour le secteur de l’éducation qui réunit le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie.

Le budget prévoit une hausse to­tale des dépenses de 2 %, assortie à diverses compressions, consolidations et économies budgétaires dans tous les ministères exception faite de l’éducation, de la santé et des services sociaux.

Selon Yves Lacouture, membre ordinaire du Comité de direction de l’ACPPU pour le Québec et président du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval, cette augmentation était la bienvenue après des années de compressions budgétaires.

« Nous applaudissons bien sûr l’augmentation de 3 % du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, sans savoir, cependant, comment les crédits se­ront répartis et quelle sera la part affectée aux universités », a-t-il indiqué.

Au moment du déclenchement des élections, le gouvernement n’avait pas encore déposé son budget des dépenses.

M. Lacouture s’interroge sur la capacité du gouvernement à finan­cer sa promesse réitérée d’augmen­ter progressivement le financement des universités québécoises au cours des sept prochaines années, à hauteur de 1,8 milliard de dollars, tout en mettant en oeuvre la Politique nationale de la recherche et de l’innovation lancée en octobre dernier.

Cette promesse avait été faite au lendemain du vaste et fructueux mouvement de protestation étudiant contre la hausse des droits de scolarité qui a perturbé la vie universitaire au printemps 2012.

Le gouvernement minoritaire du Parti Québécois de Mme Marois a déposé son budget le 20 février, invitant les partis d’opposition à l’appuyer de manière à permettre l’adoption du plan économique par l’As­semblée nationale.

Mais des visées politiques l’ont emporté sur le processus budgétaire avant même qu’un débat ne puisse s’amorcer, Mme Marois cédant aux pressions de ses conseillers enchan­tés du solide soutien que récoltait le PQ dans de récents sondages.

Le 5 mars, souhaitant profiter de la vague de popularité engendrée en partie par son projet de Charte des valeurs québécoises qui interdit le port de signes religieux ostentatoires dans le secteur public, Mme Marois convoquait les Québécois aux urnes le 7 avril et demandait au lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne de dissoudre l’As­semblée nationale.

Max Roy, président de la Fédé­ration québécoise des professeures et professeurs d’université, s’est aussi réjoui du ton de l’éphémère budget.

« C’est un budget préélectoral. Le vrai budget viendra plus tard », a-t-il dit. « Nous espérons que le financement de 1,8 milliard de dollars y sera toujours. »

Selon M. Roy, ces fonds pourraient notamment aider à stimuler les investissements en recherche fondamentale, en sciences sociales et en sciences humaines, des « sec­teurs généralement oubliés ».